Le récit s’ouvre par une scène contemporaine. Alors qu’on imaginait que Leka, le jeune orphelin, parviendrait à avoir une vie plus stable en côtoyant une famille de notable, on le retrouve, vieilli, accompagné de voyous. Cet homme, au visage et à la personnalité marqués par les tourments de la vie, découvre dans les sous-sols d’une tour fortifiée, le « Livre de Sang ». Ce livre a été caché dans une pièce qui a été scellée depuis des décennies, et récemment découverte. Le livre mentionne qu’en cette année 2006, Leka sera victime de la loi du Kanun. Qui a bien pu écrire ces lignes ?
Leka est furieux en découvrant cette annotation. Peut-être est-ce pour mieux cacher son trouble ?
La déportation, dans un camp de travail forcé, de la totalité de la famille du notable, dont il porte une responsabilité, est-elle la cause de cette inscription dans ce livre ? La Loi du Kanoun veut que lorsqu’un meurtre est commis, la famille du défunt cherche à se venger...
Habile conteur, Jack Manini nous surprend en racontant deux périodes de la vie de Leka, qui sont étroitement liées. La contemporaine tout d’abord, et puis l’enfance du personnage alors que celui-ci était élevé par un tuteur aux attitudes peu recommandables dans l’Albanie des années 60. Ces deux périodes traitées dans un même album apportent une véritable force à ce récit qui se conclut de manière inattendue.
Michel Chevreau a un sens manifeste du cadrage et de la mise en page. Ses planches sont mises en couleur avec délicatesse et chaleur par son scénariste, Jack Manini. Ces deux hommes se complètent à merveille, et on espère les retrouver sur un nouveau projet après le troisième et dernier tome de cette série.
(par Nicolas Anspach)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.