Un jour, marqué « zéro » dans le récit, il est défiguré par un chien, Abel ne doit alors sa survie qu’aux greffes de la mâchoire et du bras tatoué d’un accidenté de la route. Le présentateur vedette se retrouve affublé d’un look de « gueule cassée ». Sa vie bascule. Supportant mal sa greffe, il se sépare de ses proches, sombre dans une profonde dépression dont va tenter de le sortir Sue, une jeune infirmière chargée de suivre sa convalescence.
Enquêtant avec elle sur les causes de son accident , il découvre que planent des zones d’ombre sur son histoire et sur la personnalité de son donneur : Henry Hawkins. Ce dernier, modeste employé aux archives de l’armée américaine, était recouvert de tatouages qui n’avaient rien d’innocent. Plus que de simples motifs esthétiques amérindiens ces marques renferment vraisemblablement une énigme qui mêle services secrets, manipulations politiques et mythologie indienne. Par cette greffe, Abel a non seulement hérité d’une partie de corps de son donneur mais aussi d’une histoire qui lui reste à découvrir ! Le drame personnel vire peu à peu vers une intrigue complexe et haletante.
Si ce polar bien mené attire l’attention, c’est aussi par la construction narrative originale adoptée par Alexis Lemaillé. Le récit recourt à des sauts successifs dans le passé comme dans le futur. Lle lecteur se retrouve ainsi ballotté dans un puzzle chronologique où le principal repère est ce « jour zéro », celui de l’accident de chacun des deux protagonistes.
L’auteur s’appuie sur ce point de départ identique pour approfondir à la fois la psychologie des personnages et distribuer progressivement les clés nécessaires à la reconstitution de leurs deux histoires croisées. Le montage est audacieux pourrait déconcerter nos habitudes de lecture mais finalement fonctionne assez bien en nous imposant un souffle et un rythme très particuliers.
Déjà remarqué lors de la publication du diptyque Mélissa chez Delcourt, ce jeune auteur créé ici la surprise malgré un dessin un peu classique, mais non dépourvu de qualités novatrices (les couleurs de Sébastien Bouet en rehaussant avantageusement le graphisme).
Une histoire prometteuse prévue en trois tomes. À découvrir.
(par Patrice Gentilhomme)
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