Une jolie maison vide, avec son charmant jardin et sa pergola qui attend un sauveteur. Les enfants du propriétaire décédé, l’un après l’autre, entrent et retrouvent leur passé. Ils vont aussi devoir décider, entre vente et remise en état, partage, négociations avec le voisin... Siliva, José et leur aîné [1] vont aussi assumer la confrontation avec le deuil de leur père, tellement lié à celui de ce pavillon gorgé de souvenirs. D’autant qu’un moment crucial de son coma a besoin d’être débattu.
Il ne se passe pas grand chose durant une bonne partie de l’album. Paco Roca, toujours aussi fin dans l’exploration des thèmes autour de la fin de vie, installe une légère tension entre ses personnages, balancée par des moments de tendresse et de nostalgie. La lente progression du récit amène d’autant mieux les scènes fortes qui vont mener à cet indispensable dialogue dans la fratrie.
Le symbole de cette maison, entre le présent et le passé, l’oubli et la mémoire, accompagne la famille dans son cheminement psychologique, avec des générations qui se croisent tout en partageant ce souvenir rassembleur. Les évocations du deuil et de la figure du parent disparu possèdent une force universelle dont tout "orphelin" saisira la profondeur. Et La Maison est aussi un touchant portrait de famille, sans pathos et tout en retenue.
(par David TAUGIS)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.