Comme elles s’ennuient dans cette fête guindée, les deux sœurs... Réduites à des curiosités dont on parle à voix basse. Statut d’enfants "accueillis" oblige. Le père en prison, la mère décédée, Elsa et Fredrike se serrent les coudes et se moquent en douce de cette bourgeoisie satisfaite. Jusqu’à cette proposition de l’aînée, Elsa, qui décide d’aller visiter cette fameuse maison abandonnée. Et même hantée, paraît-il...
Nous voilà avec La Maison de la faim dans la grande tradition du conte : un malaise, un secret, une menace... Aidée par une ligne claire empruntant à la fois à l’école européenne et américaine, Loka Kanarp sert le scénario avec brio. Sa bichromie saumon nage entre ambiance nostalgique et onirisme.
Grâce à son découpage splendide, bien habillé par des noirs très présents, la plongée dans ce monde effrayant des sous-sols gagne en intensité jusqu’au bout. La dernière page ne manquera pas d’impressionner les ados. Quant aux lecteurs plus âgés, nul doute que le fond de l’histoire -deuil et mélancolie- leur fera écho différemment.
(par David TAUGIS)
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