Déjà éditeur de diverses anthologies littéraires érotiques et thématiques, La Musardine adapte son concept à la bande dessinée. Ainsi, L’Anthologie littéraire de la fellation qui regroupait la sélection opérée par Frank Spengler se transpose en un bel album grand format. Et les Miller, de Maupassant, Deforges, Apollinaire, Arsan et autres cèdent la place aux Pichard, Crepax, Bruce Morgan, Serpieri, Coq, Varenne, Von Götha, etc.
On doit la sélection des oeuvres à Nicolas Cartelet. Outre un sommaire alléchant, Cartelet débute son ouvrage de 220 pages avec une introduction assez consistante, dont son titre évocateur donne déjà un avant-goût : Autopsie d’une pratique universelle (et mal-aimée). Ce dossier de 15 pages illustré par de grands auteurs (Forest, Moebius, Serpieri, Crepax) analyse l’art de la fellation à travers les âges et les civilisations, avant de glisser sur le sujet mis en image en bande dessinée.
Le plat de consistance de cette anthologie réside bien entendu dans la sélection de Cartelet. Premier intérêt de l’ouvrage, l’auteur ne reprend pas nécessairement une seule planche de l’ouvrage considéré, mais souvent une séquence complète pouvant aller jusqu’à sept planches, par exemple, pour la première scène de Twenty par Von Götha.
Cartelet ne se limite donc pas à l’acte en lui-même, éminemmentept graphique, mais cherche à contextualiser l’approche, le jeu sexuel, afin d’ailleurs de le commenter dans la présentation de chaque auteur. On comprend alors l’envie commune de la pratique, qu’il s’agisse du plaisir, de franchir un interdit, de se donner à l’autre ou au contraire de le dominer en domptant sa jouissance.
Le second intérêt de l’anthologie est de découvrir des auteurs que l’on ne connaîtrait sans doute pas (encore). Ainsi, entre les séquences des Paul Gillon, Giovanna Casotto, G. Lévis, Ardem et autres grands noms précités, on découvre quelques extraits d’albums plus récents, ou qui n’ont pas atteint la même renommée alors que leur contenu reste globalement qualitatif.
On ne pouvait pas imaginer passer à côté de la plus célèbre scène de fellation, à savoir celle de Miel savourant son homme invisible dans l’album de Manara. Une astuce utilisée par l’éditeur pour présenter l’acte en couverture sans déflorer le sujet pour les yeux sensibles, tout en s’assurant d’attirer le regard des amateurs, Manara restant l’icône de l’érotique chic.
Plus surprenante, quoiqu’aussi légitime, l’arrivée de Bastien Vivès dans ce type d’anthologie sexuelle, avec l’une des séquences de sa récente Décharge mentale. Même si les dimensions réduites de la collection BD Cul ne s’adaptent pas forcément bien avec celles de livre de grand format, on se félicite de ce rapprochement, qui permettra aux connaisseurs d’apprécier le style du jeune auteur. Cet album sorti en début de l’année, est effectivement aussi jubilatoire que réussi !
Quoiqu’il en soit, que l’on soit friand ou non de cette pratique sexuelle, cette anthologie propose un beau voyage au pays de la bande dessinée érotique. Une réussite, qu’on espère voir se prolonger dans d’autres déclinaisons !
(par Charles-Louis Detournay)
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