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La Nef des fous, T. 12 : À peu près preux - par Turf - Éd. Delcourt

Par Christian GRANGE le 3 mai 2023                      Lien  
La Nef des fous, tableau du primesautier peintre Jérôme Bosch.
La Nef des fous, bande dessinée de Turf.
Précisons d’emblée qu’il sera surtout question de la seconde. Et pour lever tout suspens : Excellent album ! Vivement recommandé pour tous les amateurs d’humour, d'histoire bien ficelée, de dessins inventifs et, plus généralement, d'univers très personnel où le talent de l'auteur le hisse au sommet de la vis comica.

Commençons par digresser (un peu). Le chaland s’arrêtant devant la vitrine d’une librairie (ou l’internaute sur son site préféré) pourrait s’interroger devant le titre de cette série : de quelle nef s’agit-il ? Si les personnages vont de la buanderie du palais à la commanderie (du palais), du conseil des ministres aux appartements d’Ambroise et divers autres lieux, il ne semble pas être question de nef. Si les finances du royaume vont à vau-l’eau au royaume d’Eauxfolles, il n’est question ni d’église ni de bateau. Pour les fous, cela semble relativement plus clair : fou du roi (Arthur), fou d’amour -la princesse Chlorenthe a bien grandi-, fou furieux comme Ambroise, Grand Coordinateur, ex-éminence grise de Clément XVII (planche numérotée 200 soit page 17 du T. 12).

La Nef des fous, T. 12 : À peu près preux - par Turf - Éd. Delcourt
La fuite presque discrète d’un page en armure
Alerte : un C.I.F.B.A.Z.C est déclaré !

Revenons aux débuts : comme le résume le site Wikipédia, « Le Grand Coordinateur ourdit un complot pour prendre le pouvoir à la place de Clément XVII et instaurer le règne du pois rouge supplantant celui de la rayure. Dans le même temps, un trafic de coloquintes est mis au jour par deux représentants des forces de l’ordre. ». Voilà qui donne lune première idée de la mesure/démesure de cet univers loufoque.

Voilà donc 30 ans déjà (avec une longue interruption entre Terminus et Disparition), que dans le beau royaume d’Eauxfolles, un trafic de coloquintes géantes (dont la liqueur a des propriétés hallucinatoires) avait été repéré et que des monstres non-répertoriés avaient élu domicile dans les égouts. Si les problèmes ci-dessus énoncés ne se posent plus, la situation reste pourtant, préoccupante.

Ainsi, l’éditeur nous alerte sur son site : Un C.I.F.B.A.Z.C est déclaré au château ! Un cas d’Intrusion de Forces Belligérantes Armées dans la Zone de la Commanderie en la personne d’un chevalier en armure qui tente de s’enfuir en chevauchant un scooter électrique de la police du palais. Hum, l’affaire semble sérieuse.

En son doux royaume, le bon roi Clément XVII ploie sous le poids de moults tracas : enlèvement de la reine, élans amoureux de la princesse et caisses du royaume vides nécessitant des économies d’électricité.

Petit retour en arrière. Dans l’épisode précédent (T.11 Coup de théâtre), Pacôme Leboulet et Célestin Parfait, deux pages chargés de l’entretien du palais, se dirigeaient vers les lieux d’un crime pour une perquisition presque en règle. « Ne vous inquiétez pas ! Tout est en règle ! J’ai falsifié tous les documents ! » dixit le sergent Bonvoisin / Célestin à son second, Baltimore / Pacôme. Ce même tome 11 se terminait sur un suspens que tous les lecteurs et les autres ont gardé en mémoire : « tout s’effrite… Tout s’effondre (…) Je m’apprête moi, Ambroise Marcelus Premier à entrer en scène ! Que le rideau s’ouvre ! »

Y’a plus de saison
La météo est souvent présente dans la série. Le nom des mois donne la météo prévue (brumore = mois brumeux ; pluvior = mois pluvieux ; etc.). Mais il semble qu’un dérèglement climatique menace le Royaume... et alimente les conversations !

Ce nouvel épisode (« À peu près preux ») s’ouvre sur Knacki, chien policier de son état qui est fermement invité à chercher un page terroriste, soit le sergent lui-même, revêtu de l’armure qu’il a empruntée dans le bureau de Roussin (cf. précédent opus). Ce page terroriste qui deviendra réfractaire, chevalier voltigeur en armure puis fantôme de satyre errant poilu (page 31) parviendra cependant à fuir grâce à un véhicule électrique, une cabine d’ascenseur, une trappe de buanderie à 60° et d’autres moyens. Le lecteur retrouve le monde loufoque de la série dès les premières pages d’A peu près preux.

Le récit offre de multiples rebondissements, des personnages au long nez et des cousins de Blake et Mortimer (Turf glisse au fil de ses albums, des clins d’œil à d’autres BD) et des petits soldats qui ne sont pas de plomb ; tous évoluent dans un monde à peu près chevaleresque. Mais attention ! Si « la confiture de rutabagas est dans le chaudron » et « la charrette verte revenue dans la grange », la prudence ne conseillerait-elle pas de « prendre un parapluie pour ramasser les rutabagas ce soir » ? (page 30).

Cette aventure est à suivre. Où mèneront la trappe et l’échelle découvertes par les inspecteurs Baltimore et Bonvoisin ? La reine et sa dame de compagnie seront-elles retrouvées saines et sauves ? Célestine plaira-t-elle toujours autant ? Comment l’illusionniste Hidinou a-t-il réussi à disparaître de sa cage dans les profondeurs du château ? Nous le saurons dans le prochain épisode ! Quant à cette chronique décousue, il est temps qu’elle s’arrête !

(par Christian GRANGE)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782413043669

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