Le Paris d’il y a 30 ans, entre les Buttes Chaumont et la mairie du 19ème...La France giscardienne et ses flics en impers informes... A priori, un tel contexte avait de quoi enchanter les amateurs de roman graphique tendance polar urbain teinté d’agit-prop gauchiste...
Mais ici, la sauce ne prend pas. S’il est déjà assez peu évident de s’intéresser aux deux ex-militaires qui reviennent à Paris pour liquider leur stock d’explosifs dans la décontraction la plus totale, on se lasse très vite de la succession de plastiquages qui tient lieu de scénario.
Les personnages, qui croisent la route d’une jeune fille cueillie sur un banc (peu crédible...), commentent à la fois la situation politique et leurs cibles à venir. Pour autant, ils n’inspirent ni sympathie ni curiosité. Quant aux policiers, en dehors d’une poignée d’échanges de mots doux-amers, il ne s’avèrent pas plus passionnants.
Beuzelin a souhaité adapter semble-t-il fidèlement un roman de Fajardie (un poids lourd du néo-polar à la française). Son enthousiasme a surpris l’écrivain, même si La nuit des chats bottés jouit d’un statut de roman culte. Et Fajardie s’avoue ravi du résultat et complimente le dessinateur en postface de l’album.
Beuzelin a choisi de recourir à de nombreux narratifs qui embourbent parfois les scènes d’action. Son dessin assez radical, dur et toujours attiré par le noir, n’est pas consensuel. Il affirme son style, incontestablement original, mais prend le risque de rebuter un certain nombre d’amateurs du genre.
(par David TAUGIS)
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