Avec Voyageur, c’est le second scénario de Pierre Boisserie sélectionné au prochain festival d’Agoulême !
La Rage commence pourtant comme une série B (voire Z) ! Le virus canin a effectivement muté et touche maintenant exclusivement les enfants. Après un vent de panique et des meurtres en pagaille, les adultes sont parvenus à enfermer les enfants survivants dans des camps de fortunes. Mais ils doivent régulièrement aller rechercher ceux qui parviennent à la puberté pour les arracher à ce milieu et espérer ainsi que l’espèce humaine puisse continuer à prospérer !
Outre cette pénible tuerie des enfants, et le fait que l’humanité soit acculée à trouver une vaccin avant que sa progéniture ait tué tous les adultes de la planète, le récit de Pierre Boisserie prend l’angle intéressant d’une mère de trois enfants, dont l’un d’eux a été touché par la rage et qui a tué ses frères et sœurs.
Par rapport à cette situation on-ne-peut-plus horrible, deux sentiments peuvent prédominer : l’abandon à la colère et la pulsion de tuer tous les enfants (sentiment partagé par le père de famille), et d’un autre côté, l’envie de pouvoir sauver l’enfant malade, irresponsable de ce que la rage l’a poussé à réaliser (sentiment de la mère).
Comme ces deux parents, l’humanité est partagée entre ces deux courants, et une véritable guerre civile se livre alors, en plus de la violence enfantine omniprésente.
Fort efficacement mis en scène par Kerfriden, La Rage est donc conseillée aux lecteurs à l’estomac solide, car ça dégomme à toutes les pages, mais ce récit est également empreint d’une grande sensibilité, de celle qu’on ne peut mettre en avant qu’acculé dans les pires moments de son existence.
(par Charles-Louis Detournay)
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