Que Platon se retrouve saisi par un dessinateur de bande dessinée, ce n’est pas nouveau, on se souvient que naguère Joann Sfar avait adapté Le Banquet du même auteur… Cela tient essentiellement à un système de narration qui s’appuie sur le dialogue. Or, les dialogues sont au cœur des bandes dessinées. C’est, chez Platon, la fameuse maïeutique socratique, « l’accouchement des esprits » qu’il obtient en posant des questions et en traquant les incohérences des réponses, procédé connu sous le vocable de « sophistique ».
Dans La République, on s’interroge sur la justice, sur l’éducation, intellectuelle et aussi physique, le sport quoi, les rapports sociaux, la défense et la sécurité, le contrôle de la population, la philosophie et l’épistémologie, la connaissance – c’est le fameux mythe de la caverne, etc. Ce qui n’empêcha pas Platon de caresser le rêve de conseiller un dictateur (à défaut de devenir lui-même un philosophe-dictateur), une affaire qui tourna mal.
Pourquoi l’album d’Harambat est une réussite ? Parce qu’il donne à goûter à l’œuvre de Platon tout en amusant le lecteur par un graphisme léger, clair, enjoué et décalé. C’est un outil de médiation souverain pour comprendre l’essence de cette philosophie. Et on a bien besoin en ces temps où la sophistique revient en force dans la politique, et pas forcément pour de bonnes raisons.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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La République de Platon – Par Jean Harabat - Philosophie Magazine éditeur