Dans La Légende de la jarre, publiée en 2003 par Sémic, Patrick Atangan montrait une assurance et une finesse de trait étonnantes pour un débutant - mais son intérêt pour les contes et légendes datait de bien avant. Comme souvent, un premier album publié cache nombre de travaux personnels inédits, comme une version gay du mythe de Héro et Léandre replacée dans les années 20 et dessinée dans un style Art Déco. Inspiré par les gravures japonaises sur bois du XVIIIe siècle, les fameuses images du monde flottant, Atangan offrait donc pour commencer ce voyage à travers les contes du monde ses propres versions de deux légendes japonaises.
Pour La Tapisserie de Soie, l’auteur s’est cette fois-ci tourné vers la Chine et propose trois contes. Dans le premier, un vieil homme crée le monde, mais personne ne l’habite. Il attendra en vain pendant des années... Dans le deuxième conte, une vieille femme, à qui l’esprit-dragon d’une rivière a offert un morceau de soie pour y tisser ses rêves, s’épuise à finir sa tapisserie pour que ceux-ci se réalisent. Enfin, dans le troisième, un jeune garçon si doué que ses dessins prennent vie est enlevé pour être présenté à l’impératrice douairière, incapable de reconnaître son talent. Un thème unifiant ces trois légendes est donc l’acte de création, que ce soit de la part d’un artiste ou d’une divinité cosmogonique.
Pour ces trois histoires, Patrick Atangan s’est inspiré des peintures classiques sur rouleaux et des aquarelles chinoises du début du siècle dernier. Tout cela, combiné pour la première histoire avec un trait très cartoony, donne un dessin à la fois clair et dense, et surtout très évocateur. Ses albums sont également bien servis par un design sobre et le choix d’un format à l’italienne, qui en font de beaux objets.
Prévue pour se dérouler sur cinq volumes, cette série des Chants de nos ancêtres partira pour le prochain volume en Inde, pour ensuite nous raconter des histoires de fantômes coréens et enfin des mythes des origines venus des Philippines. Heureux qui comme le lecteur, va faire un beau voyage...
(par François Peneaud)
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