La fin du monde. Quelques survivants, réduits à manger des chiens, organisent un quotidien précaire. Et la connaissance a tellement sombré avec le genre humain que la lecture et l’écriture ont quasiment disparu.
Ceux qui peuvent encore rédiger un journal apparaissent comme des sages admirables. Deux gamins, dont le père maintenait ce savoir, vont bientôt devoir partir, avec des outils rudimentaires, après son décès. Mais pas seulement pour s’assurer de quoi manger. Aussi pour percer le mystère, et comprendre enfin ce père qui n’a laissé que ce cahier noir...
Le noir et blanc fin et délicat de Gipi trouve une résonance singulière dans ce road movie apocalyptique. On y retrouve plusieurs références (littérature, BD, cinéma) à des œuvres creusant le même thème. Si le sujet reste dur et saturé de violence, l’auteur y insère d’autres questionnements : le deuil, l’amour (filial ou sentimental), le pouvoir...
Au bout de ce pavé parfois glaçant dans ses affrontements presque sauvages, on garde l’essentiel : ces pages préservées, comme une raison de lutter, dont le sens n’a pas forcément une valeur intellectuelle profonde, mais qui garantissent la transmission du savoir et de la pensée.
(par David TAUGIS)
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