L’ouvrage se compose de près de 450 pages et se présente sous la forme d’un imposant pavé de 28,4 x 3 x 20,3 cm, aux pages épaisses, proposé à 29 euros. Si le format Deluxe choisi pour ce titre nous laisse une nouvelle fois un peu perplexe, l’histoire d’Anne Opotowsky possède une ambiance et des personnages qui nous ont assurément charmés.
Notons tout d’abord le changement de dessinatrice avec Angie Hoffmeister au style assez proche de celui d’Aya Morton : un univers « calligraphique », à l’esthétique chinoise, et au découpage faisant la part belle à l’onirisme et à l’ellipse. Le bleu, aérien et rêveur, couleur dominante du premier tome, laisse ici sa place à un rouge passionnant et sanglant.
Le récit, quant à lui, reste à l’image de ce qu’il était dans le premier tome, c’est-à-dire choral et construit comme un puzzle éclaté, demandant donc une certaine concentration au lecteur. Signalons également que cette suite se déroule dix ans après la fin du tome précédent, même si en fin de compte peu de choses ont évolué.
L’histoire se concentre désormais davantage sur les personnages, au contraire du premier tome qui s’attachait surtout à présenter l’étrange bidonville qu’est la Citadelle. De ce fait, le fil du récit semble plus consistant, avançant de façon claire vers une fin d’album riche en émotions mais aussi en tragédies !
Toujours construit autour des trois amis d’enfance, le facteur, le voleur et l’acrobate, l’histoire pose une large toile de personnages se tissant autour d’eux, avec des connections souvent inattendues, peuplée de tireuses de cartes, d’hommes d’affaire de différentes envergures, de fonctionnaires, de prostitués et de marginaux.
Il sera moins question ici du lieu-même de la Citadelle, dont pourtant les origines sont contées en filigrane, que des histoires d’amour des personnages et de l’enquête du jeune facteur sur les enlèvements d’enfants.
Mêlant tranches de vie d’un autre temps à une véritable intrigue « policière », La Trilogie de la Citadelle se distingue par la remarquable retranscription d’un certain esprit chinois, que ce soit à travers ses personnages haut en couleurs, des dialogues pittoresques remarquablement bien écrits et un travail graphique qui nous propulse véritablement dans ce bout de Chine situé entre deux époques et deux cultures.
Une belle réussite du genre.
(par Guillaume Boutet)
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La Trilogie de la Citadelle T2. Par Anne Opotowsky & Angie Hoffmeister. Traduction Jean-Marc Lainé. Urban China. Sortie le 19 janvier 2018. 461 pages. 29,00 euros.
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