La Vengeance d’une femme - Par Lilao - Editions Emmanuel Proust

Dos toilé, format original, pelliculage mat, dessin au lavis et version originale du texte en fin d’ouvrage, les éditions Proust cherchent à se démarquer de leurs concurrents sur le terrain, un peu encombré il est vrai de l’adaptation littéraire.

Avec une présentation soignée, presque luxueuse (pour un prix abordable), ce premier album parviendra sans doute à attirer l’attention du lecteur soucieux de sortir des sentiers battus grâce à un livre qui sert d’écrin à un récit sombre au romantisme noir et désespéré.

Tiré de l’œuvre de Jules Barbey d’Aurevilly ce one-shot nous décrit l’étrange rencontre d’un jeune dandy parisien et d’une ravissante prostituée, qui va très vite lui confier son histoire.

Victime d’un mari tyrannique, la duchesse d’Arcos de Sierra Leone, une duchesse espagnole cherche à se venger de son mari en se prostituant.
Sa démarche de rédemption s’affronte au caractère odieux et cruel de l’ex-mari, celui-ci s’étant vengé de manière particulièrement sordide sur l’amant de la jeune femme (car bien sûr, il y en avait un), elle a donc choisi de souiller le nom et l’honneur de son époux en se prostituant.

Après cette brève rencontre, notre jeune dandy cherche à retrouver la mystérieuse jeune femme. Il découvrira l’issue tragique de ce destin qui figure dans une courte nouvelle extraite du recueil des Diaboliques, succès bien connu de l’écrivain. Sinistre épilogue d’une vengeance frappée d’un romantisme noir, sombre et très mélancolique fidèle à "l’esprit de l’époque".

Jouant une carte rétro proche de l’imagerie du XIXe Siècle, le style de ce jeune dessinateur convient parfaitement à l’ambiance de ce genre de récit : monologues tristes et désespérés, scènes de nuit, obscures et grisées. Le graphisme très maîtrisé rappelle les feuilletons publiés à l’époque, grâce à un parfait usage du noir et blanc rehaussé de lavis et une mise en page qui hésite entre l’illustration « classique » et la narration en bande dessinée ; l’ensemble fonctionne plutôt bien et colle manifestement au sujet.

Liliao, professeur d’arts plastiques et titulaire d’une maîtrise sur le dandysme nous livre ici son premier album. Parviendra-t-il à se détacher de ce style pour nous donner à voir d’autres facettes de son talent ? Un second album dans un esprit radicalement différent serait susceptible de nous en convaincre.