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La Vie d’Artiste sans s’emmêler les pinceaux sur les chemins détournés - Florence Cestac -Dargaud

Par Patrick Albray le 15 janvier 2003                      Lien  
Le grand public ignore généralement cet état de fait, mais les débuts d'un auteur dans la bande dessinée s'apparentent plus à une pénible galère qu'à un tapis rouge déposé sur le chemin de la gloire. De la réaction des parents à qui on annonce qu'on ne sera ni avocat ni médecin mais artiste ("C'est pas un métier, ça..."), aux refus des éditeurs, en passant par la recherche de travaux alimentaires et l'obligation de devoir vivre avec peu de moyens, on a beau savoir que, vingt ans plus tard, on en rira, ce n'est pas évident à vivre quand on est plongé dedans jusqu'à la pointe des cheveux. Florence Cestac, qui a vécu tout ça, le raconte avec bonne humeur dans ce livre réjouissant que tous les candidats artistes devraient lire pour se donner du courage...

Passer ses journées à pondre des gags, ça doit être cool. C’est du moins l’avis d’un fan de Noémie, venu se faire dédicacer un album. Ce qui pousse Noémie à réfléchir " trois secondes " - le temps de dérouler sa vie entière devant nos yeux éblouis, de se balbutiements d’artiste (les peintures tribales sur les murs du salon, désapprouvées par la maman) à cet instant de gloire où les lecteurs font la queue pour avoir leur dédicace.

Toute petite déjà, elle fonctionne " autrement ". Barbie l’indispose, elle préfère bricoler. À l’école, ça se précise : dyslexique, elle passe pour " bornée ". Déçue par la sinistrose scolaire, elle s’évade. Elle part dans les nuages et ne récolte qu’humiliations et engueulades quand elle en redescend.

Mais elle s’accroche à ses nuages. D’ailleurs, s’accrocher, c’est sa seconde nature. Créative comme d’autres sont boulimiques, elle insiste, elle y va. Quand elle fonce dans le mur, elle se relève cabossée et elle y retourne. Si bien que, de désespoirs affreux en joies débordantes, elle finit par se tailler un chemin dans la jungle. Tout en vivant, avec " un modèle pas ordinaire " non plus, un amour agité qui débouche sur les joies (épuisantes) de la maternité.

Inutile de dire que le parcours est sportif et que l’aspect " cool " de la chose n’est pas ce qui saute aux yeux. Mais au bout du compte, cette Vie d’artiste infiniment drôle et touchante (autobiographique à quelques brouilles près) respire la joie de vivre.

Car Florence Cestac - à qui l’on doit, rappelons-le, la version originale et très personnelle d’un Démon de midi recyclé en pièce à succès - reste imbattable dans l’art de nous faire marrer avec ses galères (artistiques, affectives, domestiques) et d’en tirer le meilleur : quand un môme vient lui demander de lui dessiner un lapin, " mais un bien " (pas un moche), ça rachète tout, elle a gagné.

(par Patrick Albray)

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Tendre et attachante Florence Cestac ! "L’auteur du Démon de Midi", comme l’annonce le macaron (détachable) collé sur la couverture, revit avec optimisme toutes les étapes douloureuses qui vont de l’enfance d’une artiste en herbe hors des normes scolaires à la première image publiée puis au premier succès éditorial, trouvant dans chacune, même les pires, des sources de gags. Son sens de l’observation et du petit détail fait à nouveau merveille dans ce livre hilarant. Avec, en filigrane, une vraie réflexion sur la difficulté d’être artiste et le statut de la femme dans la bande dessinée. Grâce à la préface de Jean Teulé, on apprend aussi le secret de son graphisme archi-sympa tout en rondeurs : "Tu fais des patates, tu fais des patates, tu fais des patates...". Et ça marche. La preuve !

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