La bande dessinée au bout des doigts à Charleroi

Jean-Michel, c’est d’abord un prénom, une figure bien connue des amateurs de BD en Belgique qui fait d’abord ses premières armes dans les salles de vente, les galeries d’art et même dans la boutique Tintin de Bruxelles, avant de se mettre à son compte comme conseil « agenceur-décorateur » de collection de personnages de BD en 3D. C’est lui qui a organisé récemment la vente publique des sculptures de Nat Neujean, un artiste dont il est le mandataire.

Dans le cadre de Bruxelles BD 2009 et Wallonie BD 2009, il ne pouvait rester inerte et se devait lui aussi apporter une petite pierre à une année BD qui fera date.

C’est avec une exposition, originale parce qu’improbable, à l’Espace Wallonie à Charleroi qu’il se distingue. « La BD en 1001 volumes – toucher pour mieux voir ! » se propose de faire voir la BD, à l’aide de personnages sculptés, à des non-voyants en même temps que de faire découvrir la 3D aux lecteurs des histoires en images.

Photo DR

« La sculpture inspirée de la bande dessinée apparaît dès 1986, théorise-t-il, on parlera alors d’objets 3D ou de BD en 3D. Elle s’exprimera de plusieurs manières, la figurine miniature en plomb par Alexis Poliakoff, la statuette en plâtre puis en résine par Patrick Regout ou Marie Leblon et la représentation des véhicules en bois par Michel Aroutcheff, pour ne citer que les plus connus. Aujourd’hui beaucoup d’autres artisans ou sculpteurs, traiteront la bande dessinée en volume, en 3D. Voici quelques noms importants de sculpteurs, miniaturistes et manufactures : Jean-Marie Pigeon - Dominique Muffraggi, Pascal Rodier, Stéphane St Emett - Attakus, Aroutcheff, Démons & Merveilles, Fariboles, Figures & vous, Leblon-Delienne, Pixi, Résitec, etc. »

Une véritable expression en soi, comme on peut le constater. On peut considérer que ces objets sont « ringards », concrétisent une passion adolescente qui ne s’est pas reniée dans l’âge adulte et se moquer de son caractère puéril. Il est certain néanmoins que quelques-uns de ces objets passeront à la postérité, comme cette Fusée Tintin d’Aroutcheff devenue le symbole d’une époque. On est donc bien au-delà de la simple compulsion de collectionneur.

Cette exposition, éminemment interactive, interpelle par ses interrogations. Elle permet, une fois de plus, d’aborder les univers de bande dessinée autrement. Ce n’est pas prétentieux pour un sou, encore moins intello. Mais elle fait incontestablement partager une passion pour la BD lorsque, par exemple, à l’initiative du commissaire de l’exposition, Pascal Rodier a créé quatre têtes sculptées que les visiteurs sont invités à découvrir avec les mains sous un épais tissu de velours. Une démarche… touchante !

Pour les amateurs de BD, c’est l’occasion de découvrir l’incroyable profusion d’objets dérivés de la bande dessinée, qui vont du sublime au kitchissime.

Une interview du commissaire de l’expo par FullTV :