L’homme est assez impressionnant : il se dégage de sa silhouette une forme d’élégance, un mélange de sérénité et de force qui doivent lui venir de sa pratique des arts martiaux. Aucune prétention dans son attitude, mais une intelligence évidente et une acuité de chaque instant.
Le plus incroyable, c’est que l’on retrouve ces qualités dans son dessin. François Boucq est l’un de nos plus puissants et plus subtils créateurs de BD actuels, classique quand il dessine le western de Bouncer, les aventures de Janitor ou un XIII Mystery, accroché à l’actualité quand il brocarde les tweets délirants de Donald Trump ou les frasques lilloises de DSK. Il n’y a pas forcément dans ce dernier travail une prise de positon politique, il y a surtout l’étonnement face à un monde désinhibé dont les valeurs les plus élémentaires se dissipent à vue d’oeil. Il y a en lui un poète et un philosophe. La fréquentation de l’allumé Alejandro Jodorowsky et du cérébral Moebius a sans doute dû modifier son ADN en ce sens.
Une carrière aux horizons très divers
Né en 1955, François Boucq fait aussi partie de l’histoire de la bande dessinée de ces 40 dernières années. Il a publié dans Pilote, Fluide Glacial, (À Suivre)... C’est dans cette dernière revue qu’il crée son anti-héros Jérôme Moucherot. Son style, mélange de réalisme, de caricature, de précision architecturale et de couleurs souvent éclatantes, s’affirme de plus en plus, pour apparaître au grand jour dans ses collaborations avec Alejandro Jodorowsky (Bouncer) ou Jérôme Charyn (Little Tulip, La Femme du Magicien…). Dès1998, il est distingué par le Grand Prix de la Ville d’Angoulême.
Désormais seul maître à bord dans le scénario de la série Bouncer, un western déjanté dont le héros manchot a été imaginé par Jodorowsky, Boucq revient sur un sujet qui hanta aussi bien les aventures de Blueberry (Ballade pour un cercueil) que celles de XIII (L’Or de Maximilien) : le trésor de l’empereur Maximilien 1er du Mexique (1832-1867), frère du roi Léopold II de Belgique, un monarque mis en place par Napoléon III, assassiné par les troupes de Juarès.
De cette matière première, Boucq tire une fresque brillante à la trame classique mais dont le dessin offre une série de coups d’éclat, tant graphiques que narratifs. L’univers de Bouncer se creuse, mystique et exhalté, ses relations avec ses protagonistes de même, dont celle avec la Chinoise Yin Li. On sent bien que, pendant quelques années encore, il nous conduira jusqu’au bout de l’aventure.
Compilés par Vanessa Duhamel, 100 authentiques messages tweetés par Donald Trump sont illustrés par le dessinateur lillois. On y joint aussi, pour le jeu, quelques faux pour s’apercevoir qu’ils sont finalement moins terrifiants que les vrais. L’humour fait sourire, certes, mais il donne aussi la chair de poule. Étrange sensation.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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On pourra rencontrer François Boucq dans son « Grand Portrait » à Livre-Paris le 18 mars 2018. Il sera interrogé par Jean-Christophe Ogier de France Info.
Dimanche 18 Mars 2018
14h00-15h00
Scène BD-Comics-Manga
Plus d’infos sur LE SITE DE LIVRE-PARIS
Commander Bouncer 10 : L’Or maudit par François Boucq (Editions Glénat) chez Amazon ou à la FNAC
Commander Bouncer 11 : L’échine du dragon par François Boucq (Editions Glénat) chez Amazon ou à la FNAC
Commander Trump en cent tweets par Vanessa Duhamel et François Boucq (Editions i) chez Amazon ou à la FNAC
BOUCQ à la GALERIE GLENAT
Du 14 mars au 3 avril 2018
BOUCQ à la GALERIE HUBERTY-BREYNE
Du 3 au 31 mars 2018.
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