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La déferlante - La revue des révolutions féministes - et de la bande dessinée

Par Romain GARNIER le 5 novembre 2022                      Lien  
Dans le dernier numéro de "La Déferlante", une page signée Lisa Mandel inaugure la revue. Anne Simon, autrice de bande dessinée y publie également une courte bande dessinée intitulée « Ni nonnes ni épouses, laisse vivre les béguines ». En Amont, une passionnante interview d’Alison Bechdel à la suite de la publication de son dernier roman graphique "Secret de la force surhumaine". Mais quelle est cette revue féministe qui fait la part belle à la bande dessinée dans son 8e numéro ?

La revue La Déferlante, sous-titrée « La revue des révolutions féministes », a été créée en 2021 dans un contexte post-Metoo par quatre femmes : Marie Barbier, Lucie Geffroy, Emmanuelle Josse et Marion Pillas. L’objectif revendiqué de la revue est de donner la parole aux femmes, ainsi qu’aux minorités de genre, tout en mettant en avant leurs combats et problématiques.

La déferlante - La revue des révolutions féministes - et de la bande dessinée
Extrait de "Secret de la force surhumaine" D’Alison Bechdel
© Denoël Graphic

Au sommaire de ce nouveau numéro, on trouve un dossier principal consacré aux jeux (« Jouer, quand les féministes bousculent les règles »). Pour la revue, il s’agit d’identifier les biais de genre du milieu du jeu afin de les déconstruire. Que ce soit le milieu sexiste du poker, la cour de récréation où les enfants apprennent à jouer selon leur genre, la violence structurelle de la communauté des jeux vidéo envers les femmes (alors que près d’un joueur sur deux est une joueuse), les rayons hyper-stéréotypés des magasins de jouets, les combats à mener sont nombreux, à l’instar de l’association Afogameuses.

Ni nonnes ni épouses, laisse vivre les béguines
© Anne Simon pour la Déferlante

À cela, il est nécessaire d’ajouter des dossiers passionnants sur Emma Goldman (1869-1940), surnommée la « Reine rouge », les « Jane », réseau états-unien clandestin pro-avortement des années 1970, l’affaire Jacqueline Sauvage, ainsi qu’un débat qui vaut le détour entre la metteuse en scène Eva Doumbia, l’historienne du cinéma Geneviève Sellier et la directrice de théâtre Carole Thibaut. Pour ces trois femmes, la question posée est : « Que faire des œuvres problématiques ? ». Le traitement du sujet se fait par le biais de l’angle féministe, mais rappelle l’éternel débat sur que faire des œuvres de Louis-Ferdinand Céline, atroce antisémite, ou les débats actuels sur la cancel culture. Enfin, une interview croisée entre Virginie Despentes et Philippe Poutou où la question de la domination masculine et des effets toxiques du masculinisme sont centraux.

Extrait de "Marie-Evangéline et sa petite amie lesbienne de souche" par Lisa Mandel
© Lisa Mandel pour la Déferlante

Dans cette revue féministe, la bande dessinée a donc une place de choix. Pour l’interview consacrée à Alison Bechdel, on revient sur la place majeure qu’a pu occuper aux États-Unis, vingt-cinq années durant, Gouines à suivre, une bande dessinée sous forme de strips qui n’a eu le droit, en France, qu’à des publications confidentielles. La dernière en date étant aux éditions Même Pas Mal en 2016 et 2018. On revient également sur l’origine du "Test Bechdel" et les œuvres autobiographiques d’Alison Bechdel. Pour l’occasion, Pénélope Bagieu réalise un portrait de l’autrice états-unienne.

Virginie Despentes et Philippe Poutou interviewés par Lucie Geoffroy et Marion Pillas pour la Déferlante
© Léa Crespi pour la Déferlante

Quant à Anne Simon, ici scénariste et dessinatrice, elle traite des béguines, ces communautés spirituelles, non mixte et financièrement autonome. Les béguines vivaient dans de petites maisons individuelles avec pour cœur urbain une chapelle, sans règle monastique à respecter, sans aucun vœu à formuler et considérées comme laïques. Une telle situation de liberté pour des femmes est suspecte aux yeux de l’Église, tandis que les ordres monastiques se sentent lésés par les nombreux legs et donations dont bénéficient les béguines. Elles sont alors victimes de persécutions qui culminent avec Marguerite Porete, brûlée vive avec son ouvrage Le miroir des âmes simples anéanties jugé hérétique. Cette courte bande dessinée est l’occasion d’une réflexion sur la condition des femmes et de leur liberté vis-à-vis des hommes.

À noter enfin une illustration féministe et parodique signée Lucile Gautier pour le débat « Que faire des œuvres problématiques ? ». Cette illustratrice et autrice de bande dessinée a publié en 2019 Goutte à goutte aux éditions Même Pas Mal.

Pour les féministes, les curieux et curieuses de l’actualité socio-politique et intellectuelle au prisme du genre, ainsi que les amateurs et amatrices de bande dessinée, le tome 8 de la revue La Déferlante est disponible à partir du 10 novembre 2022.

(par Romain GARNIER)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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