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La menace Frankenstein - Igor et les Monstres - Duchazeau et Veys - Dargaud

Par Patrick Albray le 5 décembre 2002                      Lien  
L'Ambassade de Transbulvaquie n'est pas une ambassade comme les autres. C'est celle d'un pays de l'Europe centrale où il ne fait pas bon se promener la nuit. Car d'étranges monstres hantent les campagnes. Rien d'étonnant, donc, à ce que, dans cet immeuble lugubre, d'étranges personnages se livrent à de monstrueuses expériences... qui tournent le plus souvent à la catastrophe.

Promu ambassadeur de Transbulvaquie, le baron Frankenstein se livre à ses petites expériences, avec l’aide de son assistant Igor, qui le fournit en cadavres frais et en cerveaux pas toujours bien choisis - celui d’un inspecteur du fisc, entre autres, ou celui de papa Frankenstein. C’est d’ailleurs par le papa qu’on apprend que, tout petit déjà, le baron tentait de recréer l’œuvre de Dieu avec un rôti de porc et une pile de six volts. Donc, le baron passe son temps à fabriquer des monstres.

C’est sa vocation et son vice. Il est même dépendant, et quand il veut arrêter, il se couvre de patchs. Bien sûr, il ne fabrique jamais le moindre monstre utile à l’humanité, qui découvrirait le vaccin contre le paludisme, par exemple. Il fait plutôt dans le monstre qui sait ouvrir les pots de yaourts sans plier les coins. Et la plupart du temps, dans le monstre raté qu’Igor va ensuite lâcher dans le village - à un mois des élections, ça énerve le maire - ou dans un coin où " il ne peut pas faire de dégâts ".

Près du couvent des Ursulines, par exemple. Il y a tout de même un monstre réussi à la maison. Il fait des bêtises avec Igor et il massacre ses trois ecclésiastiques en un quart d’heure. (C’est lui qui pose à gauche sur la photo de couverture, les deux monstres de droite étant des ratés.) Parfois, le baron donne une réception éblouissante et il drague Brunehilde. C’est là qu’Igor arrive, une ventouse bien crade à la main, en hurlant que les toilettes sont bouchées.

Ou alors, le monstre vient faire homologuer son dernier record - en l’occurrence, le volume des trucs qu’il arrive à sortir en se fouillant le nez. L’unique fois où le baron fabrique une monstresse, elle est assez gironde mais elle se réveille de mauvais poil et lui trouve une dégaine de smicard. Après, elle part faire des choses avec papa Frankenstein. Ce n’est donc pas une réussite non plus.

Malgré tout, le baron ne se lasse jamais. " Le sinistre docteur Frankenstein… blablabla… tel l’égal de Dieu… blablabla… dans un éclair éblouissant… blabla… "

Et c’est reparti. Cette version décapante du mythe est tordante de bout en bout - jusqu’au bêtisier final, qui nous dévoile les arrières-cuisines du " tournage " comme si on y était - c’est trop court, on en redemande. Evitant les clichés et autres gags poussiéreux, Veys nous surprend à chaque case, à chaque bulle.

Quant au dessin de Duchazeau, aussi expressif que subtil, il laisse augurer un nouveau talent dans le paysage humoristique. Voilà donc un chouette cadeau d’Halloween pour ceux qui aimaient déjà le Frankenstein Junior de Mel Brooks et les expériences lamentables de Gaston. C’est-à-dire tout le monde à partir de douze ans. En gros.

(par Patrick Albray)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Dans la lignée de l’humour noir de la "Famille Addams", voici une version détournée du thème des savants calamiteux, sorte de "Léonard est un génie" au pays de l’horreur. Avec le même profil des personnages principaux (un savant plein d’idées le plus souvent absurdes et un disciple pas vraiment futé) et le même mélange de gags attendus et de bonnes idées. La meilleure étant le premier bêtisier en fin d’album de l’Histoire de la bande dessinée, reprenant les scènes qui ont dû être "recommencées" par les personnages. On en attend d’autres aussi bonnes pour le second tome.

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