Contraint d’aller vivre chez ses grands-parents alors que sa mère doit subir une opération très délicate, Ken’ichi découvre une montagne impressionnante, qui éveille sa curiosité et alimente ses phantasmes. Ses promenades solitaires le mènent également au musée, ou il découvre une salamandre qui semble capable de parler. Elle lui propose un marché qui pourrait répondre à ses voeux les plus chers...
Superbe couverture, papier épais et couleurs soignées : Taniguchi a droit aux grands moyens pour son premier album "européen" en France. L’éditeur a visiblement misé gros sur La montagne magique pour séduire un large public familial. Le dessinateur a de son côté encore affiné son graphisme : les décors sont étonnant de précision et la mise en page particulièrement aérée, rendant la lecture aisée du début à la fin.
On connaît les thèmes de prédilection de Taniguchi : la magie de la nature, la douleur du deuil, les relations avec les animaux, et souvent les incompréhensions entre les enfants et les adultes.
Ici, la symbolique est un peu lourde, et nous rappelle souvent ses autres albums. Les bons sentiments ont tendance à nimber le scénario d’un halo de naïveté qui rend ses personnages plutôt ternes. Sans compter cette sensation de retrouver les mêmes personnages d’un album à l’autre... Le dessin ajoute à cette impression : le visage du père de La montagne magique est par exemple décalqué sur celui de l’adulte de Quartier Lointain et pas si loin du héros du Sauveteur...
Pour un jeune adolescent, la pureté des idéaux de Taniguchi pourra fort bien évoquer des valeurs humaines universelles, mais pour le lectorat adulte, le manque de surprises (le scénario est très prévisible) et les dialogues gentillets risquent d’irriter quelque peu.
Après la déception du Sauveteur (mais nous ne sommes pas tous d’accord sur cet album, comme en témoigne la chronique de François BoudetLe Sauveteur - par Jirô Taniguchi - Casterman ), Taniguchi gagnerait à mettre en images des thèmes plus riches, plus matures, pour ne pas se faire enfermer dans la case "humaniste naïf" au moment ou il franchit le cap des 60 ans.
(par David TAUGIS)
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