Simon et Florent, deux amis de longue date, mais séparés par les choix académiques, mènent des vies aux antipodes. L’un vient d’intégrer une grande boîte inspirée de la silicone valley et l’autre passe ses journées à parcourir Paris comme livreur en vélo. Tout semble les écarter jusqu’au jour où Simon apprend qu’il a déjà suffisamment pédalé le long de la capitale pour arriver à Katmandou… C’est la goutte de trop ! La vie a bien de plus à lui offrir ! Du moins, c’est ce qu’il veut tester. Et pour cela, il fait appel à son camarade, son confrère des aventures en selle.
Embarqués sur un coup de tête, ils organisent leur escapade à la sauvette. Avec le « minimum nécessaire » selon Simon et « toutes les précautions possibles » d’après Florent. L’un part l’esprit léger, épris d’insouciance, l’autre en quête de découvertes, cherchant à oublier la capitale et la startup nation.
Pour y parvenir, ils ont 5 jours. Rien qu’une petite semaine pour traverser le cœur du pays et rejoindre la Bourgogne natale de Florent. Une fois là arrivés, ils prévoient de rentrer par train à Paris. Mais la nature des grandes aventures est de toujours finir par faire changer les plans (et les voyageurs)...
La fleur au guidon, nos héros quittent la ville et s’enfoncent dans la « France profonde », pédalant sans relâche. Évidemment, ils vont croiser sur leur chemin un bon nombre d’images familières : les villages fantômes, des cyclistes « pro » à la Tron, des chasseurs ayant un peu exagéré avec le Ricard… Sans prétention de conquistadores, mais avec beaucoup d’humour, nous les suivons sans relâche, au fil des pages d’un album qui se lit le sourire aux lèvres, les yeux plein de soleil.
À travers ses péripéties baignées d’une belle lumière estivale, nous partons à la découverte d’une France peuplée de cyclistes vagabonds et d’âmes caritatives, qui n’hésitent pas à prêter main-forte aux voyageurs de grand chemin lorsqu’une roue décide de le lâcher en pleine ride ou que la faim menace de les laisser sur le carreau !
Auteurs novices mais déjà rompus au métier du 9e art, Simon Boileau et Florent Pierre nous avaient déjà surpris en 2020, lors du prix de la BD numérique du FIBD, avec un premier jet de ce qu’allait devenir cet album sorti chez Dargaud. Forts d’une véritable maîtrise du tempo narratif et de la composition, ils nous séduisent par le biais de dialogues simples, mais riches en subtilités. Le tout porté par une esthétique proche des studios d’animation plus contemporains, renforcée par un trait fin et clair, capable d’un grand dynamisme et de l’élégance d’une bécane du Tour de France !
Sans taper sur la tête des lecteurs avec des pavés ou des slogans twitteriens, le duo parvient à construire un récit édifiant sur le besoin d’aventures et de l’importance de surmonter les défis afin d’accomplir un véritable exercice d’émancipation (une pratique qui passe par la découverte de nouveaux mondes et les mollets bien gonflés !), sans oublier de nous livrer un beau récit de camaraderie entre deux amis unis par leur soif de liberté.
Avec ces débuts très prometteurs, nous ne pouvons qu’attendre avec impatience le prochain projet de ces jeunes talentueux !
Voir en ligne : Atelier Velorution
(par Jorge Sanchez)
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La Ride - Par Simon Boileau et Florent Pierre. Éditions Dargaud. 108 pages - 18€.
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