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La trace méconnue de Dino Battaglia

Par AVELINE, Franck le 25 février 2012                      Lien  
Avec cette superbe édition de l’adaptation du conte classique de Perrault, les éditions Mosquito continuent leur profond travail de mémoire pour le génie méconnu de Dino Battaglia : "Le Chat botté" comme un prétexte pour s’arrêter, ici et le temps de quelques lignes, sur une démarche artistique dont l’aspect esthétique, la dureté assumée et la rareté en font une pierre gemme du 9e art.

Au mitan des années 1980, la patrie des fumetti était le plus grand foyer de création européen de bandes dessinées, juste derrière l’entité franco-belge.

Un foyer de créations aux racines profondes, puisant dans les veines de nombreux joyaux que les doigts magiques d’orfèvres comme Antonio Rubino, Walter Molino ou encore Sergio Tofano ciselèrent dans l’entre-deux guerres.

À l’autre extrémité de l’histoire de la bande dessinée italienne se trouvait alors une jeune génération constituée en partie de Sylvio Cadelo, Carlo Ambrosini, Anna Brandoli, Eugenio Sicomoro, Tanino Liberatore, Franco Saudelli ou Lorenzo Mattotti et menée tambour battant par l’icône générationnelle Andrea Pazienza.

Tous officiaient en France, véritable terre d’asile pour tout auteur connaissant un certain succès outre-Alpes, où le lectorat, moins important, ne permettait pas d’assurer de suffisants revenus.

Entre ces deux générations, un florilège d’auteurs -au rang desquels Milo Manara, Attilio Micheluzzi, Guido Crepax, Roberto Raviola (Magnus), Vittorio Giardino, Guido Buzzelli, Sergio Toppi, Benito Jacovitti - récoltait les rançons d’une renommée plus ou moins importante que les terres gauloises leur offraient avec un bel enthousiasme. Si aucun ne put accéder à une gloire proche ou équivalente à celle d’Hugo Pratt, il en est un qui jamais ne rencontra le succès mérité : Dino Battaglia.

Pourtant, au commencement, le chemin artistique de ces deux légendes fut commun. En effet, admirateurs de l’américain Milton Caniff, les deux auteurs vénitiens travaillèrent pour le groupe Asso di Picche (que Pratt créa en 1945 avec Mario Faustinelli et le scénariste Alberto Ongario), et Pratt prit la succession de Battaglia pour l’illustration des récits Junglemen. Si l’influence artistique de Battaglia sur le père de Corto Maltese est réelle, seul ce dernier atteignit le firmament quand son aîné compère restait à jamais dans l’ombre…

Plus que d’ombre et de lumière, c’est de noir et de blanc que se vêt la différence qui sépare les deux auteurs. Grand ordonnateur de la forme, du contraste et de la confrontation des masses, Pratt impose ses noirs sur le fond blanc de la page et leur confère une puissance expressive allant jusqu’à l’abstraction. Hugo Pratt force le visuel et joue d’un visible à la ligne maîtresse conférant une notion de poids à son trait.

Comme en réponse alternative à cette matérialisation brute et sauvage de la représentation, Dino Battaglia exprime un graphisme qui possède pour corps central le blanc de la feuille à dessin. Hugo Pratt impose avec force et conviction un plein merveilleux et enivrant, quand Dino Battaglia suggère, parfois jusqu’au vide, jusqu’à la béance, la force vertigineuse de l’absence et de l’indicible. À la persuasion du premier, s’érige en contraste et avec courage, la suggestion du second.

La trace méconnue de Dino Battaglia

Du courage, il en faut pour offrir au lecteur un langage graphique constitué, dans lequel la grammaire fait se confondre les mots « espace » avec « limite » et « absence » avec « présence ».

C’est bien dans ces superpositions de sens que réside toute la magie de l’art pictural de Dino Battaglia : ce qui n’est pas délimité ni représenté s’y trouve pourtant avec une force et une justesse déstabilisantes. Chez Battaglia, le vide fait sens. Malheureusement, la nature n’aime pas le vide, et le lecteur non plus, qui, trop souvent, garde au fond de lui les traces laissées par ses craintes enfantines. La peur de l’absence, du non-fini, et l’insécurité qui en émane, n’est pas la moindre.

Edmond Baudoin déclarait à ce sujet* : Quand j’étais encore enfant, je ne dessinais jamais le dessus des crânes de mes personnages. Un jour, une dame que mes parents avaient invité à manger annonce tranquillement à table qu’il est facile de reconnaitre un enfant schizophrène d’un autre. En effet, d’après elle, l’enfant schizophrène ne dessine et ne ferme jamais le haut des crânes des personnages dans ses dessins (…) Bien sûr, je me suis immédiatement dit que je ne voulais pas avoir cette maladie. À partir de là, j’ai décidé de dessiner beaucoup de chapeaux. J’ai mis également beaucoup de cheveux (…) Je n’ai enfreint cette loi du crâne fermé qu’à l’âge de quarante ans, pour la réalisation du livre « Le Premier voyage » (…) ».

Il ajoutait encore : J’ai fait une expérience intéressante en intervenant dans les écoles primaires. Je dessinais sur les tableaux noirs devant les enfants. Lorsque je dessinais un personnage au cou mal relié à l’épaule, si je laissais un blanc, il y avait toujours un enfant pour faire remarquer que le corps n’était pas fermé. L’enfant a très peur de cette ouverture qui ne lui semble pas naturelle et par laquelle s’en va la vie. [1]

Cependant, dans toute l’œuvre de Dino Battaglia, image après image, page après page, livre après livre, cette ouverture perturbante n’est pas celle par laquelle la vie s’en va, mais bien celle par où elle s’engouffre !

Pour Dino Battaglia, la page blanche n’est pas seulement un cadre de représentation mais bel et bien un lieu d’expression en constant devenir, un champ retourné dont les sillons contiennent les graines de l’imagination et des émotions du lecteur. Un espace ouvert et voué au partage, une totalité constituée de ce que l’auteur et le lecteur insufflent d’eux-mêmes dans les images ouvertes à cet effet.

Comme pour faciliter cet échange avec le lecteur, Dino Battaglia se tourne essentiellement vers les adaptations graphiques de grands textes de la littérature mondiale avec tout l’inconscient collectif qui en affère. Rapidement, il développe au travers de ses interprétations un tempo graphique et narratif dont la solution esthétique résulte de l’alchimie maitrisée entre l’illustration et la bande dessinée.

Sa manière laisse transparaître ses références, de Beppe Porcheddu (pour la composition) à Piero Bernardini (pour l’utilisation du blanc, du trait et des masses), en passant par Aleardo Terzi (pour la gestuelle, la noblesse de ses personnages).

Cependant, ennemi de toute compromission, sa force est aussi sa faiblesse, et l’inventivité constante dans ses compositions à mi-chemin entre la bande dessinée et l’illustration ne lui permet pas d’accéder à la popularité qu’il mérite. Dans chaque image, sur chaque page, le trait en suspens dans l’attente d’un achèvement, d’un décor, d’un cadre, d’une finitude sécurisante, et le temps suspendu, comme en écho au poème de Lamartine, insuffle une mélancolie certaine dans la lecture. Cette même mélancolie qui anime ses personnages, née du doute que ses compositions laissent transparaître ; ses chevauchement d’une case sur l’autre, comme pour relier ces dernières de manière plus intrinsèque encore que ne le permet l’ellipse, et en accentuer la valeur narrative, ses illustrations ouvertes, comme pour embrasser autant de possibilités de représentation possibles qu’il existe d’imaginaires de lecteurs et de n’en perdre aucune, dans l’absolu.

Chez Dino Battaglia, les couleurs sur lesquelles la lumière crue jamais ne se pose, expriment inlassablement le sentiment d’attente. Le monde de Battaglia n’existe qu’à l’heure dite « entre chien et loup », quand le jour et la nuit bataille à armes égales et entourent le monde d’une lumière indécise, d’un temps immobile.

Dans son œuvre, la couleur n’est pas franche ni définitive, elle enrobe, elle habille de voiles, elle épouse le sens de la narration et non la forme des représentations. Une picturalité de l’attente dans laquelle les personnages sont saisis dans leurs mouvements, figés dans l’instant essentiel. Une picturalité de la lenteur et de non démonstration, renforcée par la présence fondamentale du gris, utilisé comme une matière mouvante, oscillante, offrant au trait l’ondoyance et le diffus que la main de l’artiste semble lui refuser. Ses réalisations sont mélancoliques, ses choix nostalgiques, et Le Chat botté n’y fait pas exception.

L’œuvre entière de Dino Battaglia exhale les fragrances d’un automne perpétuel.

(par AVELINE, Franck)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Le Chat Botté - Par Dino Battaglia - Editions Mosquito

© Editions Mosquito, 2012.

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[1Extrait d’un entretien accordé à la revue L’Indispensable. N°3, janvier 1999.

 
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10 Messages :
  • La trace méconnue de Dino Battaglia
    25 février 2012 10:51

    Génération italienne, que des dessinateurs brillants, doués, surdoués, aux personnalités étonnantes, aux narrations toutes différentes. A côté, à part quelques exceptions, la franco-belgie fait pâle figure.

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  • La trace méconnue de Dino Battaglia
    25 février 2012 11:11, par Julien

    "Papier" remarquablement écrit ;vers un auteur toujours étonnant.Mosquito a creusé une oeuvre véritable en s’atreignant à la publication rigoureuse des récits de Battaglia,comme Toppi,Zezelj ou Micheluzzi.Nous sommes bien au-delà de rééditions.

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  • La trace méconnue de Dino Battaglia
    25 février 2012 12:14, par Sergio Salma

    Simple supposition. Si un auteur comme Battaglia n’a pas su s’imposer commercialement, il y a à mon avis une raison tout simple : il n’a pas créé un personnage. Pratt a dès le départ fait vivre des personnages. Battaglia est un immense illustrateur, il a acquis la technique de la bande dessinée sans souci mais il n’a jamais eu l’instinct de créer un personnage. Or, c’est la seule chose qu’attend le lecteur. Il a ainsi illustré des grands textes, il a mis en scène mais en ne faisant qu’interpréter et donner un visage à des créations anciennes . Idem avec Toppi qui montre aussi beaucoup son talent de graphiste mais qui n’a pas su imposer un caractère, un personnage . Dans tous ces auteurs italiens ou espagnols habitués à la vie en studio, c’est le pas qu’ils étaient amenés à faire quand ils quittaient ces dits studios. En ça, il s’agit là d’un terrible piège ; puisqu’ils apprennent leur métier dans cette atmosphère , parfois en vivent très longtemps ils ne font qu’animer un univers créé par d’autres. Aujourd’hui encore , les publications italiennes ne sont constituées que des licences que des studios font tourner hebdomadairement ou mensuellement. La situation n’a pas vraiment changé, un auteur italien peut vivre correctement de son travail qu’en entrant dans ces studios ; s’il veut signer autre chose et en vivre il passera la frontière. Pour terminer sur Battaglia et la bande dessinée, il y a un autre phénomène qu’on peut noter chez lui, est-ce une faiblesse ? Les phylactères lui posent problème. Quand les personnages parlent on n’est pas très sûr que Battaglia intègre ce signe naturellement dans sa page. Sa page elle-même est faite de compromis, on la regarde comme un ensemble (techniquement parfait) mais elle semble divisée en cases que dans le seul but d’être esthétique. Tout ce qui fait la spécificité de la bande dessinée le gêne aux entournures.

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    • Répondu par Alex le 27 février 2012 à  00:08 :

      Des fois Mr Salma vous me surprenez par la candeur de vos interrogations. Mais puisque celle-ci commence par une "supposition" je l’aborde sans fard non plus. D’ailleurs - entre parenthèses- n’avons nous pas déjà mené cette conversation : sur les conventions graphiques, et les phylactères même je crois (aïe, les 2 gâteux).

      Donc, au cas où, et très vite... Où réside la peur d’un Battaglia ? N’est-elle pas la même que celle d’un Bodé de la maturité - une stricte séparation du texte et de l’image.

      Heureusement que le phylactère doit poser problème au dessinateur ! Car le phylactère est une antinomie, regardez de nouveau les phylactères d’Hergé et voyez comment leur forme s’adapte à l’ensemble de l’oeuvre -chez Franquin aussi, ces ballons sur-gonflés. Arriver à ce niveau d’intégration totale de tous les signes tend au génie.

      Mais il y a des Toonder, des Woodring, des Jason, et même des Breccia et des Battaglia. La qualité de leurs oeuvres n’a rien à voir avec la disposition du phylactère. Il peut être absent, ou intégré à l’oeuvre. Ou comme chez Bodé, au dessus de la case. Le phylactère est une convention. Ce qu’en font les dessinateurs devrait être examiné un peu plus profondément qu’en terme d’incapacité ou de frilosité.

      Quand aux compromis Mr Salma, vous me décevez beaucoup. Ce sont les compromis artistiques faits par les moyens humains de ces personnes.

      Je range votre intervention dans le dossier des peu brillantes, au côté des miennes...

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      • Répondu par Sergio Salma le 29 février 2012 à  12:01 :

        Alex, vous n’avez absolument pas compris le sens de mon raisonnement. C’est dommage mais bon. Je maintiens que certains artistes s’accommodent de leur média d’autres le tordent, d’autres encore se jouent des conventions naturellement. Et les uns nourrissent les autres. Vous êtes encore une fois focalisé sur l’unique graphisme, le dessin, chaque case, je parlais de la façon d’envisager les codes, la narration . Et surtout je "répondais" à certaines interrogations de l’article lui-même sur la notoriété de Battaglia. Merci de me faire remarquer après 2000 pages et 50 albums publiés que les phylactères peuvent avoir différentes formes.

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        • Répondu par Alex le 1er mars 2012 à  00:15 :

          Bon, je vous ai vexé... Veuillez m’excuser. Ceci étant, je ne crois pas vous avoir mésinterprêté. Je ne vais pas reprendre toutefois une à une les formules diminutives de votre commentaire.

          Vous êtes encore une fois focalisé sur l’unique graphisme, le dessin, chaque case, je parlais de la façon d’envisager les codes, la narration .

          Vous êtes sur la défensive et projetez sur mes interventions faites ici et là vos propres conclusions qui ont bien peu à voir avec mes habitudes de lectures.

          Je vais essayer de faire court pour ne pas embêter tout le monde, donc : si je me concentre plus sur le dessin c’est que j’ai une passion pour la narration qui s’étend bien au-delà des terrains de la bande dessinée, dans la technique et dans le temps. Alors, oui, je regarde de prime abord la cohérence d’une page, l’agencement savant des signes graphiques. Pour moi c’est avant tout cela la narration graphique.

          Alors en effet, dans cette optique, la bd n’est que graphisme. Car le dessin est la trace finale, la dernière étape et donc la réalisation effective d’une somme d’idées créatives.

          Nous pourrions discuter à l’infini sur ces prémisses. Mais je n’ai jamais tenté d’imposer mes vues et mes goûts comme vérités absolues. Ils sont les miens et me conviennent très bien.

          Par contre,vous avez déjà auparavant tenté de ridiculiser mes interventions. Me présentant comme un hyper-émotionnel qui aurait une réaction quasi-orgasmique devant une oeuvre de Breccia.

          Même si le tableau est amusant je constate que vous retombez ici et encore dans les travers par vous déjà éprouvés à mon égard.

          Quand à votre production, vous m’en voyez ravi. La note finale sur la forme des bulles par contre j’aurais bien pu m’en passer. Mais il vous fallait une punch-line je suppose... Ka-Tchung !(là c’était la mienne, la punch-line)

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          • Répondu par Sergio Salma le 2 mars 2012 à  00:42 :

            Plus encore que les codes, la narration, je voulais dire la manière d’appréhender le métier. Il n’a pas comme d’autres joué complètement le jeu qui est demandé implicitement à l’auteur de bande dessinée. Il y a 1000 façons pour 1000 individus mais ce jeu consiste à mettre en place un univers et à s’y tenir ( au moins un certain temps). On pourrait croire que je pense commerce mais pas du tout ; des gens comme Crumb ou Watterson ont creusé une veine, établi cette relation particulière avec le lecteur. Pratt a emprunté à Caniff non seulement le noir et le blanc , le strip ou le réalisme ; il a aussi joué avec les conventions . Pas les conventions graphiques , les conventions beaucoup plus triviales . Je joue le jeu, je suis un dessinateur, je fournirai hebdomadairement , je remplirai un espace, j’invente des intrigues, des anecdotes menées par un ou plusieurs héros, j’invente ma mythologie. Des grands auteurs comme Toppi ou Michelluzzi sont restés un peu en marge de ces conventions. Le phylactère était totalement anecdotique dans mon raisonnement et je ne faisais qu’essayer de comprendre le titre-même de l’article. Qui disait en substance Battaglia est méconnu pourtant il est important. Y aurait-il une raison ?

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            • Répondu par Alex le 3 mars 2012 à  23:35 :

              Du coup on se comprend mieux, mais je n’en ai jamais vraiment douté. Je vous renvoie à mon intervention sur la bio de Crumb par Mr Gabilliet dans "Entretiens". Je trouve pour ma part -comme pour Battaglia- le travail de Green essentiel et novateur. Mr Gabilliet vient avec un autre point de vue auquel je ne suis pas étranger, cad la place des novateurs.

              Je regrette pour ma part cet état de fait en tant que lecteur/consommateur/fan. Étant en contact régulier avec Mr Green il est surprenant de constater combien cette supposée injustice compte peu aux yeux de ces créateurs.

              Il faudrait donc aussi inclure dans le champ de vos réflexions sur la pérennité d’une oeuvre que certains créateurs n’ont pas l’envie de porter leur oeuvre plus avant. Dans le le cas de Justin Green cela peut s’expliquer facilement peut-être : un travail d’introspection aussi profond doit être oublié très rapidement pour permettre à l’artiste de continuer.

              À mon avis, dans une autre mesure, on constate le même processus chez un Battaglia : une expérimentation et un abandon.

              Certaines personnalités artistiques sont "condamnées" à aller de l’avant, expérimenter. J’y vois personnellement une volonté artistique et une créativité qui me réconcilie avec le genre humain. Il y a l’exercice d’un mêtier- j’en suis bien conscient- mais parfois, chez qq artistes très particuliers la raison ne semble pas appliquer.

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  • La trace méconnue de Dino Battaglia
    25 février 2012 22:07, par Michel Dartay

    Bravo pour cet excellent article de réhabilitation. Dino Battaglia est effectivement un immense auteur italien qui n’a jamais connu en France le succès mérité (la plupart de ses livres se sont retrouvés chez les soldeurs, notamment les "Un homme, une aventure" de Dargaud.). Il doit aussi avoir participé à la collection L’histoire en BD de Larousse (à confirmer ?) ? Je souhaite à Mosquito un peu plus de chance.

    Comme le précise Sergio Salma, c’est sans doute qu’il s’est effacé devant des oeuvres littéraires connues (au détriment d’une série régulière), et qu’il a mal maitrisé les codes internes de la BD. Ses dialogues sont un peu sec, on dirait parfois qu’ils ont été scotchés sur les images, ce qui n’enlève rien à leur splendeur.

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  • La trace méconnue de Dino Battaglia
    27 février 2012 14:36, par KP

    Si Dino Battaglia laisse une place importante au blanc dans ses compositions et que son trait s’estompe, c’est en réalité parce que l’auteur a été un grand admirateur du courant expressionniste. Son intérêt se porta essentiellement vers la photographie, le cinéma, la peinture et dans une moindre mesure vers la littérature – pour laquelle il préférait le fantastique de la fin du dix neuvième.
    « Vampyr » de Karl Theodor Dryer eut ainsi un ascendant très important sur son travail ; bien plus que ne l’eurent les chefs d’œuvres de Murnau ou de Fritz Lang.
    Le futurisme et le surréalisme intéressèrent aussi Battaglia. Tout particulièrement la démarche de Dino Buzzati…
    Si on peut trouver des convergences entre le travail d’Aleardo Terzi et celui de Battaglia, on ne peut pas réellement associer les deux démarches. Piero Bernardini et Beppe Porcheddu me semblent être des citations bien hasardeuses, pour ne pas dire gratuites, comme l’est aussi l’intervention d’Edmond Baudoin dans cet article bien écris certes, mais universitaire jusqu’à la caricature.

    Pratt doit beaucoup Battaglia. C’est en effet grâce à leur proximité que le père de Corto a élargi sa narration vers un récit plus mature.

    Dino Battaglia est tout simplement le premier auteur de bandes dessinées transalpines à inclure son œuvre dans un courant artistique. Dans l’Italie de l’après guerre, ce n’était pas forcément ce que le lecteur pouvait espérer…

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