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La troublante actualité d’Enki Bilal

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 10 mars 2022                      Lien  
De Bilal, on se souvient des brillants débuts qui lui avaient valu, à 35 ans, d’être Grand Prix du Festival International de la BD d’Angoulême, une ville où il sera une fois de plus présent la semaine prochaine pour le lancement du troisième tome de sa série d’anticipation Bug (Ed. Casterman). Dans ce contexte, le Musée de l’Homme à Paris lui ouvre ses cimaises en écho à sa grande exposition « Aux frontières de l’humain », qui explore l’avenir de notre espèce au regard des technologies du futur. Un domaine que Bilal arpente depuis plusieurs décennies… Sa réflexion sur l’évolution de l’espèce humaine : humains-machines, humains reconstruits, humains mutants, humains immortels et humains-animaux fait partie de ses obsessions récurrentes, lui qui a été longtemps le chroniqueur du pourrissement des croyances et des idéologies contemporaines. « L’humain, le transhumain, l’Homme augmenté, tout cela constitue notre futur » dit-il.

On connaît le processus créatif de Bilal ces dernières années : Chaque case est conçue séparément, constituant une valeur iconique indépendante du récit, tout en l’incarnant. Une sorte de « en même temps » créatif.

L’avantage, c’est que cela permet en les réarrangeant, de raconter une autre histoire comme dans cette expo qui réunit des cases de son nouvel opus, le tome 3 de Bug, et de ses anciens albums comme Le Sommeil du monstre.

La troublante actualité d'Enki Bilal

« Je suis un animal d’exception », « Je suis un champion », « Je suis un cyborg », « Je suis un mutant », « Je suis immortel », et « On va tous y passer !  » sont autant de chapitres de cette nouvelle transe prophétique.

On pense, en regardant ses dessins, à la crise du Covid, à la situation en Ukraine, deux événements-symptômes de la folie humaine qui inquiètent et troublent nos esprits jusqu’ici trop tranquilles.

Ce qui frappe, c’est à la fois la constance et le renouvellement permanent de sa pratique picturale : ici un pontife oriental à la peau bleue semble s’assoupir sous les fourrures ; là une femme-cyborg semble sur le pied de guerre tandis qu’une autre arbore des signes qui annoncent le retour du soviétisme. Comment ne pas penser à l’actualité ?



Sa palette est à la foi précise et évanescente, concentrée sur les visages, sur l’humain en fait. Parfois, la pâte s’autorise des envolées abstraites. On réalise alors que le dessin de Bilal n’est pas seulement un propos, c’est aussi une expérience artistique où l’émotion a toute sa place.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782203202283

EXPOSITION « ENKI BILAL »,
du 16 mars au 13 juin 2022, au Foyer Germaine Tillion du Musée de l’Homme dans le cadre de l’Exposition « aux frontières de l’humain », au Musée de l’Homme du 13 octobre 2021 au 30 mai 2022

-  Bug, livre 3, d’Enki Bilal, Casterman, sortie le 16 mars 2022

-  Enki Bilal, aux frontières de l’humain, Catalogue d’exposition, disponible au Musée de l’Homme et sur le site de la Galerie Barbier.

Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Bug Casterman ✏️ Enki Bilal à partir de 13 ans Science-fiction France
 
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15 Messages :
  • La troublante actualité d’Enki Bilal
    10 mars 2022 23:18, par Phildar

    Ca fait 40 ans qu’il enfonce le même clou, qu’il fait la même chose, et l’histoire est cyclique, il y a toujours la guerre quelque part.

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    • Répondu le 11 mars 2022 à  06:25 :

      C’est pour ça qu’il redevient régulièrement pertinent.

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      • Répondu par Milles Sabords le 11 mars 2022 à  10:35 :

        Ce n’est plus de la pertinence, c’est de la manie. C’est sûr que si un auteur parle constamment de guerre, de maladie, de famine, il a toute les chances de revenir régulièrement dans l’actualité. Dommage que l’auteur de BD des formidables "Phalanges de l’ordre Noir" se soit effacé devant le peintre pour galeries hype. A quant le retour de Bilal a de la vraie BD ?

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        • Répondu par Lol le 11 mars 2022 à  13:57 :

          A quant le retour de Bilal a de la vraie BD ?

          Aaah Mr Sabords (qui donne des leçons à Boucq) va pouvoir expliquer à Enki Bilal ce que c’est que de la "vraie BD"... Il y en a vraiment qui ne doutent de rien dans les commentaires d’Actuabd. Une bonne tranche de rigolade quotidienne !

          (au fait, quand c’est avec un D à la fin là)

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          • Répondu par Milles Sabords le 11 mars 2022 à  16:49 :

            Chic, un fan qui suit mes post ! Bon, on ne va pas en faire tout un Bescherelle pour 2-3 fautes d’inattention... Je ne donne pas des leçons, je constate que quel que soit la stature, il n’y a pas de piédestal, tout est discutable. Vendre son nom, son talent, sa notoriété, bien, très bien même, mais des livres comme Animal’z ou Bug, lorgnent plus vers l’esthétique picturale que la BD. Bilal a souvent dessiné l’hermétisme des mondes, La foire aux immortels, Partie de chasse, mais depuis Quatre ou 32 décembre, il semblerait qu’un certain hermétisme rattrape son œuvre. Un hermétisme de catalogue luxueux pour vente aux enchères. Trop drôle !

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          • Répondu par rémi le 12 mars 2022 à  17:41 :

            Moi aussi je suis fan de Milles Sabords !
            Un avis sur tout et tout le monde, tout le temps, souvent négatif, ringard, réac et qui sent bon la frustration. C’est délicieux.

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            • Répondu par Milles Sabords le 13 mars 2022 à  07:22 :

              Ha, cher Rémi, cher fan, il faut sortir un peu de Bibi Fricotin et vous comprendrez mieux mes messages. La BD n’est plus la même depuis, vous savez...

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        • Répondu par pierre le 11 mars 2022 à  16:44 :

          Mais pourquoi tant de haine ? Le nom d’Enki BILAL brillera encore au firmament des auteurs des XX°/XXI° siècles quand la plupart des faiseurs de séries formatées franco-belges et autres "romanciers graphiques" seront tombés dans l’oubli.
          BILAL est un véritable artiste à l’oeuvre protéiforme (ce qu’on lui reproche puisqu’on aime bien mettre les créateurs dans des boîtes : auteur BD - peintre - cinéaste - etc..) qui vole bien plus haut que les autres (pour moi, il ne joue pas dans la même cour).
          Dire qu’il enfonce toujours le même clou (je dirais "les mêmes clous") est un truisme, c’est le cas de tous les artistes.
          Et pour sourire un peu, j’ajouterai qu’on ne parle pas assez souvent de l’humour d’E. BILAL : son oeuvre est constellée de pointes humoristiques qui sont d’autant plus un régal qu’on ne les attend pas ...
          J’attends pour ma part la suite de BUG avec impatience.

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          • Répondu par Milles Sabords le 11 mars 2022 à  17:45 :

            Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain... Hergé, Franquin, Uderzo, on en parle encore et on en parlera encore pendant longtemps. La haine n’a rien à voir avec la remise en cause de certains faits et comme je l’ai dit, j’affectionne certains albums d’Enki, mais je reste plus dubitatif face aux plus récents. D’ailleurs, s’il y a bien un travers que Bilal fustige dans toute ses interview filmées, c’est l’idée qu’on le transforme en une sorte de figure tutélaire intouchable. Lui, qui a tant dénoncé les dictateurs et les statues qu’on leur érige.

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      • Répondu par Phildar le 11 mars 2022 à  12:49 :

        Du coup ça n’a rien d’une "troublante actualité", on avait dit la même chose lors de la guerre en ex Yougoslavie et en Irak, puis en Syrie etc...

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        • Répondu le 11 mars 2022 à  14:15 :

          Ses derniers albums sont de vraies BD, même s’il poursuit toujours les mêmes obsessions.

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        • Répondu le 11 mars 2022 à  16:21 :

          Quand même... symbole soviétique... URSS... Russie, je suis sûr qu’en cherchant, vous pourrez trouver le lien avec l’actualité.

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          • Répondu le 11 mars 2022 à  18:05 :

            Pas vraiment de l’actualité, on retrouve ces symboles dans tous ses albums et depuis le début de sa carrière.

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            • Répondu le 12 mars 2022 à  13:11 :

              Jamais été un grand fan de Bilal mais c’est désormais un classique. Évidemment qu’on se souviendra de lui autant que de Hergé, Uderzo, Franquin, Morris, Moebius ou Tardi. Pour autant qu’on se souvienne encore de la BD dans un siècle.

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              • Répondu par JPA le 30 décembre 2022 à  10:31 :

                A chaque fois que j’ai eu un élève qui présentait un album de Bilal, je lui ai posé la question "et qu’avez-vous pensé de l’histoire ?" et là, grand blanc. Car, à l’instar d’un Kirby sans S. Lee, c’est tout de même un peu ennuyeux dans le récit (ses films aussi), depuis la trilogie Nikopol...

                Au niveau du dessin, si personne ne peut remettre en cause son talent pour faire vibrer des matières, il s’enferme dans les même visages, les mêmes poses hiératiques sans expression (et franchement avec des erreurs de morphologies des fois énormes). C’est comme Modigliani, on peut se lasser des visages toujours ovales du peintre, et on peut en être fan. Donc, Bilal a beaucoup de fans, mais je regrette la sève qu’il avait dans ses travaux en noir en blanc, comme les sublimes planches Crux Universalis. (77)
                https://www.2dgalleries.com/art/bilal-crux-universalis-diptyque-105885

                Il avait pourtant dit vouloir se remettre en question à un moment. Mais arrivé à un tel degré de gloire, il lui manque peut-être un pote qui ose le bousculer un peu...

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