À la veille du déluge, le Dévoreur d’ombres, chef absolu de l’armée des Forces Obscures, a pris la place de Noé. Il refuse que le Golem africain embarque dans l’Arche. Malmené par la nature déchaînée, le Golem est condamné à l’errance. Mais un millier d’années plus tard, il se réveille, bien décidé à retrouver son ennemi. Il part à sa rencontre, son cœur épris de vengeance...
En observant de près le trait faussement naïf de Jean-Pierre Duffour, le lecteur ne peut s’empêcher de penser à Lewis Trondheim. Rien d’étonnant à cela puisque que les deux auteurs ont réalisé ensemble, en 1994, Gare centrale ! S’amusant avec la géométrie, Duffour nous embarque dans un délire graphique parfaitement maîtrisée. Il façonne pour son histoire un décor qui n’hésite pas à se métamorphoser d’une case à l’autre. La vengeance du Golem africain est donc en perpétuel mouvement.
Duffour joue également avec les mots. De savoureux dialogues se déchaînent tout au long de l’album. L’auteur nous livre quelques répliques inattendues qui valent leur pesant de cacahouètes.
De plus, il utilise une palette de couleurs vives qui prennent tout leur éclat grâce à une impression de qualité, l’ensemble donnant une forte personnalité à cet album.
Avec fantaisie et bonne humeur, Jean-Pierre Duffour réalise un conte moderne très rythmé. Le Golem nous entraîne, à sa suite, dans une folle épopée aux multiples rebondissements. Jouant sur différents registres (drôle, décalé, loufoque, absurde), l’auteur livre ici un album fantastique d’une grande poésie.
(par Laurent Boileau)
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