On l’apprend en lisant Le Soir daté du vendredi 29 août, la momie dont se serait inspiré Hergé pour Les 7 Boules de cristal aurait été acquise par le parc Paradisio de Cambron-Casteau en Belgique, au nez à la barbe d’un musée canadien, pour une somme restée secrète.
On a tous en mémoire la terrible prédiction de l’album : « Le jour où, dans un éclair éblouissant, Rascar Capac aura déchaîné sur lui-même le feu purificateur et sera retourné à son élément primitif, ce jour-là sonnera pour les impies l’heure du châtiment ». Tous se souviennent du rêve de Tintin où l’horrible Inca à l’effroyable rictus fracasse sur le sol une boule de cristal. C’est un album clé dans l’œuvre auquel collaborent Edgar Pierre Jacobs et Jacques Van Melkebeke, sans doute un des plus oniriques de la saga. Paru dans Le Soir « volé » fin 1943 et début 1944, il s’interrompit au bout du 152ème strip, à cause de la Libération. Entre cette interruption et sa re-publication dans le Journal Tintin en 1946, Hergé vécut les heures les plus sombres de sa vie, ayant à subir lui aussi une sorte de châtiment…
Le clou de l’album est évidemment cette momie de la civilisation péruvienne Paracas (200 avant J-C) qui n’a été présentée qu’une seule fois à l’occasion de l’exposition Le musée imaginaire de Tintin au Palais des Beaux-arts de Bruxelles, en 1979. « Les premières traces de la momie de Tintin en Belgique remontent à 1840, nous dit un communiqué. Le Baron Jean-Baptiste Popelaire de Terloo, célèbre ornithologue, a ramené trois momies intrigantes d’un long voyage en Amérique du Sud. Le Baron céda l’une d’elles au Musée d’Histoire Naturelle de Bruxelles où elle est d’ailleurs toujours exposée. Aucune trace des autres momies n’a pu être établie jusqu’en 1979, où l’une d’elles fut l’une des pièces maîtresses de la plus grande exposition d’objets tribaux qui ont inspiré Hergé dans son travail. Cette exposition, surnommée « Le musée imaginaire de Tintin » s’est tenue au Palais des Beaux Arts de Bruxelles avant de transiter vers Bordeaux, Paris et ensuite Montréal pour enfin rejoindre son propriétaire, le comte Baudouin de Grunne. »
Celui-ci le garda quelques décennies à l’issue desquelles la momie se retrouva en vente. Ayant eu vent de la chose, le Parc Paradisio y trouva l’opportunité d’attirer les feux de la rampe, alors que s’ouvrira l’année prochaine le Musée Hergé : « La momie trouvera sa place dans les années à venir au cœur d’un nouveau projet consacré à la faune et à la flore de l’Amérique du Sud mais aussi à sa culture. Elle sera, parmi d’autres objets tout aussi précieux, le témoin de la civilisation péruvienne « Paracas » (200 AC) disparue depuis longtemps.
À l’heure actuelle, la momie réside dans la Crypte du Parc, construite par les moines cisterciens, il y a plus de 800 ans. À ses côtés, les visiteurs découvrent une autre momie d’origine similaire, une tête réduite cérémoniale des tribus Shuar/Jivaro et d’autres objets inhérents aux us et coutumes d’autres civilisations, sources d’inspiration pour les futurs projets de Paradisio. »
La conservatrice Eveline Bouchonville déclare au Soir que la momie lui fait « […] quand même un peu peur. Je n’aimerais pas avoir ça par temps d’orage à la maison. »
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon : Photo DR
Parc Paradisio s.a. Domaine de Cambron à B-7940 Brugelette (Belgique)
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