Légende urbaine d’une ville vouée au triomphe de la science et de l’industrie, Lady Mechanika mène diverses enquêtes, souvent dangereuses, à la limite du surnaturel, pour découvrir qui elle est et d’où elle vient. Car le monde dans lequel la belle évolue n’est pas tout à fait celui, que nous connaissons de l’Angleterre au tournant du XXe siècle. Ancrée dans un cadre steampunk, la technologie s’y révèle extraordinaire, toute puissante, et notre héroïne en constitue l’illustration directe.
En effet, des bras de métal, parfaitement intégrés, comme forgés sur son corps, remplacent ceux de chair attendus. Mais elle n’a aucun souvenir de ce qui précéda son opération et de sa renaissance en tant que Lady Mechanika, et ni l’idée de l’origine de sa transformation. Voilà donc le "mystère du corps" qui donne son titre à ce premier volume en amorce l’intrigue de la série.
Une héroïne amnésique, aux capacités fabuleuses : le point de départ ne brille donc pas par son originalité. Mais si Joe Benitez ne témoigne pas d’une folle audace quand il s’agit de poser son intrigue, il se rattrape sur le dessin et l’ambiance instaurée. Décors et personnages font l’objet d’un travail minutieux qui fait de Lady Mechanika une réussite graphique évidente.
Dommage que l’écriture, aussi bien des personnages que de l’action, peine à sortir de clichés dont la succession constitue l’essentiel de la dynamique du titre. D’autant que les protagonistes se montrent souvent poseurs et bavards, usant et abusant de tournures qui se veulent distinguées mais sonnent plus ampoulées qu’autre chose, conférant parfois un côté kitsch à certains échanges.
Reste une héroïne plaisante à suivre, personnage féminin puissant et dominateur comme rarement, au service de laquelle toutes les ressources de l’auteur et tous les dispositifs de mise en scène se trouvent mobilisés. Et une ambiance steampunk, gothique, adroitement instaurée. Pas sûr toutefois que cela suffise sur le long terme.
(par Aurélien Pigeat)
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