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Lady S - T1 : Na Zdorovié Shaniouchka - Par Van Hamme & Aymond - Dupuis

Par Richard Langlois le 5 décembre 2004                      Lien  
Cette nouvelle série prometteuse de {{Van Hamme}} au titre russe qui veut dire simplement: « À ta santé, Shaniouchka ! » amorce une intrigue qui ne sera pas facile d'accès et encore moins compréhensible.

Lorsqu’on se nomme Van Hamme, à vouloir devenir trop prolifique, et cela est valable même pour les plus géniaux créateurs, on tombe dans le piège inévitable de la formule facile et des répétitions ennuyantes. Lady S possède le même problème d’identité que XIII, semble avoir appris son métier de voleuse et ses répliques dans les séries Arlequin, Domino et Magellan. Le lecteur qui ne connaît pas les séries qui précèdent sera émerveillé de découvrir un scénario bien étoffé aux apparences originales, sans problème de « déjà vu ». Pour les inconditionnels de Van Hamme, on se résignera silencieusement aux procédés d’écriture. On fermera les yeux sur les failles narratives où l’on anticipe toutes les actions à venir pour notre héroïne, prisonnière d’un moule dont on commence à sentir la recette.

Van Hamme demeure un maître de l’intrigue qui sait exploiter le suspense dans chaque case, dans chaque réplique et dans chaque mot, surtout lorsque ces derniers sont en russe. Le mystérieux nom de Lady S est-il une références à Suzan ou Shania ? Cette dernière est-elle néo-zélandaise ou estonienne ? Est-elle fille d’un ambassadeur américain ou d’un Juif dissident de l’URSS ? Est-elle victime d’un crapuleux chantage international ou une espionne de haut vol ? Avec toutes ces questions ,on peut anticiper une longue série qui se déroulera sur autant de tomes que celle de Thorgal et de XIII.

Notre nouvelle héroïne au passé secret est une fille perdue dans un dangereux monde interlope et cosmopolite, aux activités complexes et truffé de fausses pistes et de fausses identités. On voit que Van Hamme maîtrise les formules du feuilleton populaire du 19e siècle, issues d’Alexandre Dumas, d’Eugène Sue et de Charles Dickens.

Dans ce premier récit, on nous présente Lady S comme la fille adoptive et principale collaboratrice de l‘ambassadeur américain itinérant James Fitzroy. Ce père attentionné apprendra, avec nous, que sa fille intelligente et polyglotte est une voleuse professionnelle qui travaille avec un complice d’origine russe, Anton Sergueievitch.

Le dessin de Philippe Aymond, toujours élégant et sobre, ne produit aucune étincelle visuelle. Tout est bien dessiné et bien écrit, mais pas plus ; on ne sent pas les effets des Muses, le charme de la nouveauté narrative et graphique. On abuse des retours en arrière pour tenter d’expliquer les diverses personnalités de notre héroïne, et ainsi mieux justifier ses déplacements dans les milieux diplomatiques.

Il faut reconnaître, malgré ces faiblesses, la grande qualité textuelle et visuelle des deux auteurs. On nous tient en haleine avec Suzan, Shania ou Lady S, qu’un lourd passé va rattraper dans les albums à venir. Cette énigmatique Lady devra jouer des rôles de plus en plus périlleux. Pour tenir notre curiosité encore plus en éveil, on intitule le prochain épisode À ta santé, Suzie ! Ce n’est sûrement pas le dernier nom qu’on verra commençant avec un S. On garde la même formule de politesse que pour le premier album, mais cette fois-ci dans sa version en français. Il y a de quoi à perdre son latin avec ces changements de langue pour cacher une identité, mais cela fait partie des astuces d’un bon scénariste de métier pour accroître le succès de sa grande production en série.

(par Richard Langlois)

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