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Lanfeust et Trolls bousculent la librairie en cette fin d’année

Par Charles-Louis Detournay le 12 décembre 2013                      Lien  
Une fois n'est pas coutume, Soleil a regroupé les sorties de Lanfeust et Trolls de Troy, ses deux locomotives de l'Heroïc Fantasy. Et ça déménage !

Voilà près de dix-sept ans que Soleil ménage deux de ses plus grosses locomotives, en évitant que leurs albums ne se fassent de la concurrence. Généralement, Trolls de Troy sortait pour l’été, et Lanfeust chassait en fin d’année. Certes, cette stratégie a pu être légèrement bousculée, mais une marge de sécurité était toujours préservée entre les deux ténors d’humour et d’Heroïc Fantasy.

Lanfeust et Trolls bousculent la librairie en cette fin d'annéeCette année, une fois n’est pas coutume, Soleil regroupe ses forces pour asséner un solide coup de massue à pointes à la concurrence. Ce n’est d’ailleurs pas le seul effort marquant de l’éditeur toulonnais, car nombre de ses poids lourds sont présents sur les étals ces dernières semaines, comme nous nous l’avions constaté lors de cette rentrée.

Une bonne poilade !

"Trolls de Troy, c’est un ping-pong de bêtise et d’humour entre nous, explique le dessinateur Jean-Louis Mourier. L’idée de départ vient souvent d’un gag ou d’une situation marrante, puis Christophe développe de son côté un synopsis plus détaillée. Il me fournit ensuite le scénario par tranches de trois-quatres pages, et il rebondit sur ce que je dessine, un personnage secondaire par exemple, afin de modifier son scénario tout en maintenant la trame générale. Cette méthode atypique fonctionne très bien entre nous et contribue selon moi au dynamisme de nos albums. Mais ne nous prenons pas la tête, nous ne sommes pas de l’Heroïc Fantasy sérieuse avec une quête suprême : Trolls de Troy reste du gros nez déguisé ! Si tu t’amuses en réalisant le scénario et le dessin, cette légèreté de ton et cet humour se communiquent selon moi au lecteur !"

Cette définition colle parfaitement à ce nouvel album. L’idée de départ est très simple, digne du film Les Visiteurs : par un coup du sort, la troll-humaine Waha se retrouve dans le corps boudinée d’une jeune femme de la haute, et vice-versa. Chacune devra donc tenter de survivre dans ce monde impitoyable dans lequel elles sont plongées, sans se tomber le masque tout en trouvant une solution pour revenir à la situation initiale. C’est bien entendu un prétexte assumé pour rire autour des Trolls, mais aussi tordre le coup à quelques convenances, non sans glisser quelques jeux de mots assaisonnés.

"On repart pour du one-shot, explique JL Mourier. Le diptyque me convient bien lorsqu’on fait voyager les Trolls, dans le Darshan par exemple, ou lorsqu’on introduit un nouveau cadre qui mérite de s’y attarder comme l’orphelinat de Sang-Famille. J’adore jouer sur les expressions de mes personnages. Ce dessin semi-réaliste me permet d’aborder de l’humour pur et des tronches de cartoons, alors que je peux réaliser un dessin de décor très réaliste en arrière-plan, sans que l’ensemble ne gêne le lecteur.!"

Outre la liberté de ton et l’humour de situation avec lesquels les auteurs s’en donnent à cœur joie (mention spéciale pour la scène de mariage), le dessin est reste magnifique. Sans prétention aucune, c’est une merveille de dynamisme et de fluidité, un équilibre difficile à obtenir tant les détails foisonnent à certains moments. Dany considère d’ailleurs Mourier comme l’un des meilleurs dessinateurs de bande dessinée, "au passé comme au présent."

"Pour le bestiaire de la série, explique JL Mourier, Je m’appuie sur la très brève description de Christophe qui évoquent un ou deux animaux connus. Je pars alors dans tous les sens, : j’improvise et au final, le rendu semble toujours tenir debout !"

"J’ai retravaillé ma technique, se souvient JL Mourier, sur des plus grands formats de planche pour avoir un dessin rapide et enlevé. J’ai choisi de dessiner avec un minimum de crayonné, car les crayonnés sont souvent plus puissants que l’encrage qui réduit l’aspect vivace de l’étape précédente. Avec le passage à la tablette, il n’y a pas de changement : le geste doit demeurer délié et ample. Je dois éviter de mettre tant de détails, car l’effet zoom est addictif ! Je désire que l’ensemble reste très fluide et direct."

Même si on se demande jusqu’au bout comment les personnages vont sortir de la situation rocambolesque dans laquelle ses auteurs les ont fourrés, il ne faut attendre une grande quête de cet album : au diapason des auteurs, on s’amuse tout simplement et à, ce niveau, c’est une grande réussite.

Plus de matière dans le dessin, afin de coller à un rythme plus soutenu et bourré d’action : du grand Lanfeust !

Lanfeust : la quête reprend le dessus

Oublié le diptyque mièvre des deux premiers Lanfeust Odyssey : la série a pris un tournant en montrant son héros possédé, en train d’assassiner (notamment) Nicolède, son vieil ami. Notre Lanfeust s’était retrouvé au ban de la société, en fuite et obligé de se cacher de tous. Pour prouver qu’il est innocent du meurtre de Nicolède, Lanfeust doit absolument retrouver un témoin-clé, réfugié dans la Baie Pédestre. Accompagné de ses épouses et d’Hébus, il se rend au village de pêcheurs, alors qu’à Eckmül, une étrange créature est en train de s’accaparer du pouvoir.

Humour, action, suspense et rebondissements à foison, tels sont les ingrédients de cette série. On commence à bien percevoir les personnalités des quatre femmes de Lanfeust (il en fallait bien quatre pour un héros de cette envergure !), ces éléments novateurs apportant un vent de fraîcheur à une série qui a tout de même dépassé les vingt tomes au compteur.

Le cinquième volume de ce mini-cycle débuté dans le tome 3 nous mène doucement vers un dénouement. Oh, tout n’est pas réglé, et on s’attend à ce que les trois prochains tomes, qui devraient clôturer une saison de huit albums chère aux auteurs, comportent encore leur lot de péripéties dédiées à la lutte contre une entité bien décidée à pomper toute l’énergie de la planète de Troy.

Très différentes, mais chacune s’avérant tout aussi réussie, on conseille sans réserve cette double nouveauté aux amateurs de Troy. Nous sommes face à un très agréable divertissement, soutenu par un travail de précision.

D’autant que, comme nous l’avons évoqué, d’autres grandes sorties nous attendent chez Soleil : Les Forêts d’Opale T8, le très attendu Élixirs T3, les nouveautés des séries Marlysa et Atalante... Nous y reviendrons prochainement.

Angoulême 2013, Jean-Louis Mourier exhibe son accident de travail :
"Six mois de tendinite, à cause du coup de bourre du dernier album ! Je travaille à la tablette graphique en réalisant les mêmes gestes que sur papier. Mais récemment, j’ai aussi utilisé le trackpad® qui me permet de zoomer et de tourner la feuille. C’était un nouveau mouvement pour la main. J’ai d’abord commencé à ressentir une légère douleur, mais un mois plus tard, je ne pouvais plus bouger le pouce. D’où cette immobilisation forcée ! Cela a repoussé l’album spécial noël 2012 à 2014."
Photo : © CL Detournay

(par Charles-Louis Detournay)

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Lire nos autres chroniques de Trolls de Troy : tomes 7, 9, 10 et 11, 13, 14, 15 & 16 ainsi que Dix ans de Trolls de Troy.]

Lire les chroniques de Lanfeust Odyssey tomes 1 2, et 4 ainsi l’interview de Didier Tarquin concernant le tome 3 : « Cet album est la plus grosse claque de tous les Lanfeust ! »

 
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