Rio de Janeiro, ville grouillante de vies qui s’entrecroisent. L’insouciant Cacique, la belle touriste Erika, Joana et son ami Fabio vont faire la fête la nuit à Lapa. Ils côtoient des dealers, de petites frappes en quête de cash facile, mais aussi la dangereuse police militaire. Leurs chemins se croisent, se séparent, se retrouvent, dans un tourbillon de musique et de couleurs.
Ce récit à plusieurs voix nous fait vivre au rythme étourdissant de Rio. Loin des clichés du carnaval, c’est le quartier bohème, celui des fêtards et des amours interlopes qui est représenté. Dans ce Rio moderne, les jeunes épris de liberté s’éclatent dans les soirées, à condition de savoir composer avec les flics véreux. Les mœurs sont libérées et chacun peut vivre sa sexualité, au moins pour la jeune génération. Les histoires de cœur, elles, sont toujours aussi compliquées...
Nicolaï Pinheiro est un jeune auteur brésilien, venu en France à dix-huit ans pour y étudier les Beaux-Arts et se lancer dans la bande dessinée. Il a déjà publié 1907, les Vendanges rouges, puis La Drôle de vie de Bibow Bradley, sur la vie déjantée d’un jeune marine. Avec Lapa la nuit, il revient à son pays natal pour en dresser un portrait aux multiples facettes. Jeunes, vieux, hommes, femmes, travestis, trans, pauvres, riches, timides ou têtes brûlées, la galerie de portrait qu’il compose est variée et intrigante. Il réussit à traiter chacun avec humour et beaucoup de tendresse, si bien que l’on s’attache même aux personnages les plus brutaux.
Avec un dessin fluide et sensuel, Nicolaï Pinheiro invite avec talent à se fondre dans la vie de Rio. Le plus remarquable est l’usage de la couleur, qui nous met immédiatement à l’heure brésilienne.
Sur un scénario bien ficelé, l’ensemble crée une sorte de Pulp Fiction latino, éclatant et savoureux.
(par Lise LAMARCHE)
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