Eh oui, quand on frise les 30 milliards de dollars d’actifs au total du bilan, on n’a pas que des problèmes d’impôts : il y a toujours une petite bande d’intrigants qui cherche à vous dérober une partie de vos avoirs, en dépit de votre belle gueule et de votre look de patron "cool".
Pour son 18e Largo, Jean Van Hamme revient sur les traces de sa première aventure, souvenir d’une nuit de prison que le scénariste a passée à Istanbul dans sa jeunesse alors qu’il se promenait avec son sac-à-dos dans toute l’Europe et que, lors de son escapade stambouliote, il s’était fait choper par les flics parce qu’il passait la nuit sur un banc public, ce qui est interdit dans l’enceinte de la Sublime Porte. Du moins à l’époque, quand la Turquie ressemblait moins à la candidate à l’Union Européenne qu’elle est aujourd’hui qu’à l’image que lui donnait le film Midnight Express... (Cela dit, cela reste très peu recommandé aujourd’hui...)
Alors qu’il avait ridiculisé le chef de la police dans le premier opus, provoquant une magnifique plongeon de voiture du haut du pont suspendu sur le Bosphore qui relie l’Asie à l’Europe, Largo répare un peu les pots cassés avec les flics turcs en les aidant à déjouer un trafic où il se trouvait entraîné malgré lui par une ancienne relation de son père. C’est l’occasion pour Van Hamme de creuser davantage la curieuse relation entre Largo et son géniteur dont on retrouve l’enfance racontée dans ce volume.
On sent sur ce scénario l’influence des récentes adaptations cinématographiques du héros milliardaire, lesquelles nécessitaient un peu plus de complexité que les intrigues parfois simplissimes des montages financiers imaginés par Van Hamme dans ses bandes dessinées, proportionnelles à la sophistication des arnaques. De nombreuses personnes ont été inspirées par l’histoire, qui a même été adaptée en jeux vidéo.
Ce deuxième volet est un peu moins "pédagogique" que le premier dont il est le pendant : Mer noire. L’action y est vraiment privilégiée, ce qui permet à Philippe Francq d’y déployer tout le brio de l’un des meilleurs dessinateurs réalistes de la BD francophone d’aujourd’hui.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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