Un scénario façon shonen de base, des situations qu’on a vues et revues dans nombre de mangas, jeux vidéo, séries animées de différentes générations...
Et pourtant ce Last Man constitue un petit régal, légèrement régressif, joyeusement potache, et singulièrement drôle. Où l’on découvre Adrian Velba, 12 ans, jeune apprenti combattant qui ne vit que pour le tournoi annuel de la ville. Son partenaire (obligatoire) déclare forfait pour cause de tourista et voilà qu’arrive un lonesome cowboy providentiel : Richard Aldana, carrure de stentor et répliques au scalpel. Mais cet inconnu ne ravit pas Marianne, maman du jeune Adrian, inquiète et méfiante, et encore moins Maître Jansen, éperdu d’amour pour celle-ci.
Le trio créatif Balak, Sanlaville et Vivès, semble beaucoup plus collectif que ne le laisse penser la répartition des rôles de page de garde. Difficile en effet d’imaginer Vivès préposé aux -très rares et uniquement pour les premières pages, code manga oblige- seules couleurs, quand les personnages féminins sont calqués sur son idéal désormais parfaitement identifiable.
Mais outre l’esprit ludique à souhait et la tonicité des dialogues, ce premier opus brille par ses acrobaties théâtrales. Pour chaque grand classique du genre : scènes de combat, instants intimes, instants romantiques, la surprise déboule sans crier gare. Ici des colères d’ado pour le supposé impassible et grand gaillard Aldana, là un maître d’armes qui ploie sous le tragi-comique devant la belle Marianne. Et dans ce tome 1, un clin d’œil à la télé des années 1980 avec l’apparition des frères Bogdanoff dans un numéro irrésistible, où le ridicule leur va à ravir...
Jouant la carte de l’esprit fan et de la collection, Kstr propose pour ce volume 1 non seulement des autocollants en planches prêts à poser en début et fin d’album, et le rituel petit journal de bord satirico-intime où tout le monde se défoule, une postface qui vaut le détour. Encore la tradition manga.
Mais ce joyeux exercice de style n’oublie pas les fondamentaux : un cliffhanger à plusieurs niveaux : Adrian et Richard franchiront-il les étapes jusqu’à la finale ? Madame Velba continuera-t-elle à bouder le beau combattant qui éblouit son fils ? Et va-t-on savoir ce qui meut ce mystérieux karatéka aux techniques plutôt DTG (Dans Ta Gueule, si vous me passez l’expression) ? La suite dans très peu de temps, sachant que l’éditeur évoque 600 pages produites par le trio créatif en une seule année...
(par David TAUGIS)
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Last Man, T.1 - Par Balak, Sanlaville & Vivès - Kstr
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