Interviews

Laurent Verron : "J’ai accepté de succéder à Roba car je lisais Boule & Bill lorsque j’étais enfant."

Par Christian MISSIA DIO le 29 décembre 2014                      Lien  
Depuis 2003, Laurent Verron préside à la destinée de Boule & Bill. Alors qu'un nouvel album vient de paraître, l'auteur nous parle de la passion qui l'anime à poursuivre l’œuvre du regretté Jean Roba.
Laurent Verron : "J'ai accepté de succéder à Roba car je lisais Boule & Bill lorsque j'étais enfant."
Le 35ème album de Boule & Bill, par Laurent Verron, Pierre Veys et Cric d’après Roba - Dargaud

Vous avez succédé à Roba sur la série Boule & Bill après avoir été son assistant durant de nombreuses années. Vous travaillez avec des scénaristes, pourriez-vous nous les présenter ?

Verron : Je travaille avec Pierre Veys, le scénariste de Filip & Francis, une parodie de Blake & Mortimer et avec Cric, un ami libraire à Grenoble où je vis et qui a de l’expérience comme scénariste. Je leur avais proposé de m’assister sur cette série. Ils se sont pris au jeu et depuis, nous travaillons ensemble, car écrire des scénarios n’est pas mon métier, d’ailleurs je n’en ai jamais fait.

À la base, je suis dessinateur. De plus, vu l’importance de Boule & Bill, je ne pouvais pas me permettre l’expérimentation. Je devais m’entourer de gens capables de me fournir de bonnes histoires, dans la tradition de l’œuvre de Roba, tout en la rendant accessible au public d’aujourd’hui car nous ne sommes pas dans une démarche nostalgique.

Fugitifs sur Terra II - tome 4
Par Laurent Verron & Cric - Dargaud

Avant la reprise de Boule & Bill, vous aviez réalisé Fugitifs sur Terra II, une BD de science fiction.

Oui, c’était une série jeunesse qui lorgnait vers les pré-ados et adolescents. Mais cette série n’a pas très bien marché...

Votre éditeur vous laisse-t-il le loisir de faire d’autres BD en parallèle de Boule & Bill ?

En fait, personne ne m’a dit de ne faire que du Boule & Bill. Évidemment, il s’agit d’une série importante pour Dargaud. Au début, je publiais un album environ tous les deux ans, ce qui me laissait du temps pour Fugitifs sur Terra II et Odilon Verjus, la série qui m’a fait connaître. Mais c’est vrai qu’il y a 2-3 ans, on m’a demandé de faire un album par an afin d’avoir un rendez-vous régulier avec les lecteurs. Cela me laisse effectivement moins de temps pour mes projets personnels.

C’est le cas avec d’autres séries-phare des éditions Dargaud tels que XIII ou Blake & Mortimer qui sont devenus des rendez-vous annuel importants.

Oui, ce sont des sorties importantes pour l’éditeur. D’ailleurs, elles sont devenues des marques à part entière. Comme le marché de la BD est devenu un marché assez difficile, les éditeurs ont décidé de se concentrer sur leurs personnages les plus importants et d’installer un rendez-vous régulier avec les lecteurs. Mais encore une fois, personne ne m’a demandé de me consacrer à 100% à Boule & Bill. Si on m’avait dit cela avant, j’aurais dit non car en tant qu’auteur, j’ai envie de me consacrer à mes propres créations.

D’ailleurs, je n’avais jamais demandé à reprendre l’œuvre de Roba, c’est lui qui me l’avait demandé et je me suis senti honoré de cette marque de confiance. J’ai aussi accepté de lui succéder parce que c’est une série que j’aimais et qui a bercé mon enfance.

Jean Roba
Crédit photo : Dargaud / Catherine Lambermont

Il y a quelques temps, Dargaud a proposé un spin-off à Boule & Bill intitulé P’tit Boule & Bill. Comment avez-vous perçu l’arrivée de ce projet parallèle ?

En fait, les albums des P’tit Boule & Bill ce n’était pas vraiment de la BD. C’était des livres illustrés pour les tout petits enfants, au format à l’italienne et avec un ou deux dessins par pages. C’était plus une sorte de complément à la série-mère qu’un véritable spin-off. Moi, je ne pouvais pas le faire car j’avais déjà trop de travail...

Donc, on vous a d’abord proposé de dessiner cette collection ?

Oui, on me l’a d’abord proposé, mais je n’avais pas le temps de le faire, c’est José-Luis Munuera qui s’en est chargé. Nous avons eu une réunion où je lui ai donné quelques petites indications graphiques comme le dessin des yeux de Caroline la tortue, etc.

Je ne me suis pas du tout senti vexé ou menacé par ce projet, mais c’est vrai que si cela avait été un album classique de gags, je ne suis pas certain que cela m’aurait laissé indifférent.

Quelle est la thématique de ce nouvel album ?

C’est difficile à dire. Il n’y a pas de thème général mais il y a une petite histoire d’une dizaine de pages dans laquelle les personnages partent en vacances à la campagne. Ils vont à la rencontre des agriculteurs et du monde paysan, ce qui nous a permis de faire des gags qui sortent un peu du cadre urbain traditionnel.

Il y a aussi une séries de gags sur l’idée des devoirs. Boule utilise sa tortue Caroline pour cacher son smartphone, qui lui permet de jouer aux jeux vidéo. Il y en a d’autres qui traitent du réchauffement climatique...

Boule & Bill doit rester une série actuelle pour que les enfants d’aujourd’hui puissent trouver leurs repères et qu’ils ne se demandent pas dans quel siècle vivent les personnages du livre.

Justement dans vos dédicaces, vous arrive-t-il de dédicacer des albums de Roba ? Et si oui, les enfants ont-ils conscience que les histoires ne se déroulent pas aux mêmes époques ?

C’est marrant, car cet élément ne perturbe pas les enfants. Je crois même qu’ils n’ont pas conscience qu’il y a eu un changement de dessinateur. Il n’y a pas de questionnement car Boule & Bill est une série tellement intergénérationnelle que souvent ces même enfants ont découvert la série grâce aux albums de leurs parents ou même de leurs grands-parents.

Qu’est-ce qui est le plus difficile à dessiner dans cette BD ?

Clairement, je préfère plus dessiner des animaux que des choses mécaniques mais c’est un peu normal, il y a toujours des trucs que l’on reproduit mieux que d’autres. Et puis, cela fait partie des contraintes mais elles nous font évoluer.
J’avais aussi un peu de mal à dessiner correctement Boule au début mais maintenant, ça va mieux.

Quel est l’album que vous avez le plus aimé lorsque vous étiez enfant ?

Je ne sais pas car Boule & Bill est surtout une collection de gags. De plus, je les lisais surtout dans le Journal de Spirou. Mais je peux vous dire que la couverture que j’ai le plus aimé est celle du numéro 10, je crois que c’était : "Attention, chien marrant". Après, il y a beaucoup de choses que j’ai aimées, l’ambiance graphique par exemple car c’est cette école de la BD que j’aime. Franquin, Morris et Uderzo m’ont plus inspiré que Hergé.

Voir en ligne : Boule & Bill sur le site de Dargaud

(par Christian MISSIA DIO)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN : 9782505019770

Photos : Christian Missia Dio

- Commander cet ouvrage sur Amazon ou à la FNAC

 
CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Christian MISSIA DIO  
A LIRE AUSSI  
Interviews  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD