Cruelle, la vie de la jeune Monica : elle vit dans une précarité quotidienne, exploitée à outrance par son entourage. Pourtant, une année plus tôt, elle menait une existence calme et posée. Engagée chez les aristocrates, elle travaillait comme femme de chambre dans la grande demeure d’un riche gentleman qui lui donnait pour mission de veiller sur Evan, son nourrisson. Mais, suivant les mœurs de l’Angleterre de la Révolution Industrielle, et suite notamment à la disparition de son maître en pleine mer, Monica est congédiée et se retrouve sans le sou à vivre dans les bas-fonds de la société. Retour à la case départ pour cette pauvre jeune femme, sur laquelle le sort s’acharne indéniablement.
Sauf que, peu de temps après sa mésaventure, la vie lui ouvre à nouveau les bras et lui offre de retrouver Evan, qu’elle chérissait comme son propre enfant. Tout en se remémorant les paroles du maître qui lui a fait promettre de toujours s’occuper du chérubin, elle le dérobe à ses impitoyables tuteurs et tente de retrouver le père de l’enfant... D’autant que la tombe de celui-ci est vide. Commence dés lors pour Monica une grande aventure, dans l’espoir que son bienfaiteur soit encore en vie.
Mei Nagano propose ici une œuvre troublante, raffinée quoique moralisatrice, sa trame reprenant les ingrédients traditionnels du roman réaliste du XIXe siècle : contrastes entre les classes sociales, personnages singuliers et attachants, saga aventureuse...
Graphiquement, le Berceau des Mers (The Cradle of the Sea) fait penser -est-ce un hasard ?- au tome 1 des Misérables paru récemment chez Kurokawa. Que ce soit Mei Nagano ou Takahiro Arai, chacun des deux présentent des facultés graphiques indéniables, notamment dans le travail des perspectives aériennes.
(par Marc Vandermeer)
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