Andrea dessine les aventures de Donald Duck et de Mickey Mouse en Italie depuis plusieurs années. De longues journées passées courbées sur la table à dessin, suivies par de belles soirées en terrasse à discuter avec ses amis tout au long d’interminables séances d’apéritifs.
Mais il arrive un âge où il sent qu’il a envie de plus, de franchir un cap avec sa compagne Dianela qui partage sa vie depuis longtemps : avoir un enfant. Une décision commune à des millions d’autres couples, mais l’intersection des probabilités joue contre eux : kystes ovariens et spermatozoïdes paresseux bloquent tout résultat.
Se pose alors la question de l’adoption, une géniale solution aux yeux du couple, lorsqu’ils regardent les deux petites Brésiliennes que des connaissances ont eu la chance de recueillir. Mais c’était sans envisager la longue procédure administrative qui allait suivre, la difficulté d’aller chercher une petite fille en Inde, et le choc culturel qu cela allait produire.
Même si l’on n’a jamais de doute quant à la volonté de l’implication de l’auteur lorsqu’on débute la lecture d’un témoignage autobiographique, on espère toujours que celui-ci est parvenu à faire preuve d’assez de recul pour maintenir en permanence l’attention du lecteur, tout en préservant suffisamment de vécu pour transmettre ses émotions. Un jeu d’équilibre dont se tire avec maestria Andrea Ferraris ; on peut même dire qu’il a effectué des pirouettes sur ce fil, histoire de nous faire rire autant que de nous faire vibrer.
Par le dessin, les couleurs, et surtout par le jeu des métaphores, Le Bourdonnement du moustique est magnifiquement auréolé d’une véritable vision personnelle d’artiste. Les superbes pleines pages illustrent à merveille les pensées de l’auteur, comme seuls les grands artistes savent le faire.
Si l’on regrette juste l’absence d’une explication entre les processus d’adoption italien et français, le récit se double néanmoins d’une vision intéressante et critique de l’Inde et de sa société, le tout magnifié par de beaux dessins réalisés à l’aquarelle.
Parfois drôle, souvent émouvant, Le Bourdonnement d’un moustique est un récit métaphorique et sensible, plein d’émotions. Il déploie surtout une remarquable intelligence du propos, grâce à un dessin qui apporte des qualités parfaitement complémentaires à la narration. Une très belle leçon de bande dessinée !
(par Charles-Louis Detournay)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Le Bourdonnement d’un moustique - Par Andrea Ferraris - Delcourt - 136 pages, 18,95 €
Illustrations : © Éditions Delcourt, 2021 —Ferraris ; © Andrea Ferraris 2020.
Translation made in arrangement with Am-Book Inc. (www.am-book.com)