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Le Centre Belge de la bande dessinée renouvelle ses expositions permanentes

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 1er novembre 2013                      Lien  
Joyau de la bande dessinée à Bruxelles, le CBBD (Centre Belge de la bande dessinée) prépare ses 25 ans d'existence en renouvelant de fond en comble ses expositions permanentes et en célébrant au passage Will Eisner, Olivier Grenson et Murena. Rien que ça...

Le mois de novembre permet des petites escapades le temps d’un week-end et, pour un bédéphile, la destination de Bruxelles est plus que jamais légitime.

En effet, c’est un feu nourri d’expositions majeures qui ont lieu en cette fin d’année, avec une expo Spirou à la Seed Factory, une expo Will à la Maison de la BD, une expo Kogaratsu au Moof et surtout trois expositions marquantes au Centre Belge de la Bande Dessinée qui mettent en lumière de façon éclectique l’art de la bande dessinée : une rétrospective du pionnier de la BD américaine Will Eisner, une rétrospective Olivier Grenson qui célèbre ses 25 ans de métier cette année, et une ouverture vers la version censurée du [dernier album de la toujours sublime série Murena de Dufaux & Delaby : Les Épines->art14878] ; sans oublier, en face de ce joyau qui met aussi en avant son concepteur architectural, l’un des créateurs de l’Art Nouveau, Victor Horta, le petit Musée Marc Sleen, qui présente l’aspect coquin du héros du grand dessinateur flamand sous le titre évocateur de Nerotica.

Tous les genres, tous les goûts, telle est la bande dessinée que l’on aime !

Coup de jeune

Mais ce qui marque avant tout, c’est le coup de jeune pris par le Centre Belge de la Bande Dessinée. Renouvelant ses expositions permanentes de façon radicale, grâce à l’expertise de ses commissaires Jean Aucquier et Jean-Claude de la Royère, la vénérable institution belge qui célébrera ses 25 ans en 2014 articule son parcours de façon résolument pédagogique autour de la définition et des origines de la bande dessinée et des différentes incarnations de ce que, depuis une célèbre chronique de Morris et Vankeer dans Spirou, il est convenu d’appeler le 9e art.

Mais ils rendent avant tout hommage aux lieux : Les Magasins Waucquez, bâtiment conçu par Victor Horta (1861-1947), chef de file des architectes de L’Art Nouveau en Belgique. Promis au marteau des démolisseurs, il a été sauvé in extremis en 1975 puis, complètement rénové, il accueille depuis 1989 le Centre Belge de la Bande Dessinée. Car si la plupart des visiteurs viennent pour le 9e art, ce lieu accueille chaque année des milliers de visiteurs férus d’architecture. Un parcours, parsemé de dessins, notamment signés François Schuiten ou Frank Pé, rappelle cette glorieuse histoire.

Le Centre Belge de la bande dessinée renouvelle ses expositions permanentes
Le célèbre architecte Victor Horta a construit le bâtiment du CBBD.

La bande dessinée des origines

Vient ensuite un parcours sur la bande dessinée des origines, sa définition, sa fonction : l’invention de la bande dessinée. Le texte de Jean Aucquier ne s’encombre pas de filandreuses considérations sémantiques. Nous sommes dans le bon vieux cours d’histoire des familles, un mélange pas très moderne de Michelet saupoudré davantage de considérations issue de l’école de Toronto plutôt que celle de Francfort, et on ne s’en plaindra pas ; mais pour les néophytes, nombreux dans ces lieux, c’est un instrument parfait de découverte.

De la BD des origines à aujourd’hui.

Il ouvre sur la section suivante, conçue par Jean-Claude de la Royère : L’Art de la BD. Une vision très pédagogique qui s’intéresse à l’objet : le scénario, le crayonné, l’encrage, le coloriage, l’usage de l’outil numérique, l’édition, les droits dérivés et étrangers avec des focus parfois inédits, comme l’art de la couverture.

On va ensuite visiter les différents genres de la bande dessinée : humoristique, réaliste, expressionniste, le roman graphique, la BD pour enfants, pour ados, le family-striip, la BD historique, l’Heroic Fantasy, la SF, la BD animalière, la BD didactique, le dessin de presse,...

Tout l’art de la BD, de l’antique papier...
...aux outils numériques.

Tous sont immédiatement identifiables pas le public lambda. On entre néophyte et on en sort initié (ou presque : il faut ensuite lire ActuaBD pendant quelques années...) avec des dessins et des documents rares et/ou originaux signés aussi bien par Hergé que par Baru, Hermann ou Mort Walker ! Éclectique et sans chichi.

Une petite salle consacrée au cinéma d’animation en Belgique permet aux enfants une petite pause ludique de bon aloi. Ils ne sont d’ailleurs pas oubliés, les mômes : des animations spécifiques leurs sont consacrées et, au rez-de-chaussée, le ticket d’entrée permet d’accéder gratuitement à une bibliothèque où les enfants sages peuvent s’asseoir et lire à satiété.

La presse confessionnelle, berceau de la BD belge.
La BD est d’abord née en kiosque avant de fleurir en librairie.
Les classiques de la BD belge ont fait l’objet d’une présentation totalement rénovée. Les textes en trois langues (français, néerlandais, anglais) sont accessibles par le plus large public.
By Jove ! La table de dessin d’Edgar P. Jacobs !
Une petite salle retrace l’histoire du cinéma d’animation en Belgique, très liée aux grands héros et aux grands auteurs de la BD belge

Expositions temporaires

Cette rénovation s’accompagne d’expositions temporaires marquantes :

- Will Eisner : Du Spirit au Roman Graphique (jusqu’au 2 mars 2014), retrace avec des originaux à tomber par terre (c’est pourquoi les pupitres qui les présentent ont des barres de soutien) le parcours exceptionnel de celui qui fut à la fois l’un des fondateurs de l’industrie du comic book, avec son héros d’un modernisme inégalé, The Spirit, et le rénovateur de la BD américaine qui popularisa en 1978 le Roman Graphique.

Sous les volutes Art Nouveau et la magnifique verrière de Victor Horta, la très belle exposition Will Eisner.
De son héros, pionnier du comic book, The Spirit (1940) à ses chefs d’oeuvre pionniers du Roman Graphique

- Olivier Grenson, 25 ans de création (Jusqu’au 19 janvier 2014). La carrière de l’auteur bruxellois de Carland Cross (avec Michel Oleffe), de Niklos Koda (avec Jean Dufaux), de La Femme accident (avec Denis Lapière) et de La Douceur de l’enfer qu’il scénarise seul, est ici retracée avec un parcours d’originaux qui méritent d’être regardés de près. On comprendra mieux la genèse et la probité du dessin de ce créateur qui s’inscrit dans la tradition de la bande dessinée réaliste belge.

Olivier Grenson, justement célébré.
Le sulfureux Murena, censuré par l’AppStore


- Murena : Les Épines, jusqu’au 1er décembre 2013. Jean-Claude de la Royère, conservateur du CBBD, se permet un coup de gueule en présentant les planches de Murena censurées par l’AppStore pour des raisons commerciales et plus généralement de puritanisme américain. Il faut dire que Dufaux et Delaby y vont fort dans leur relecture de l’histoire religieuse et que le sexe et la violence ne sont pas absents de leurs histoires. Ce sont les planches "censurées" (autocensurées, en fait : soit on modifie, soit on n’est pas diffusé sur ces supports...) qui sont ici montrée à un public averti (un gardien écarte les jeunes têtes blondes).

Enfin, en traversant la rue, on peut découvrir l’univers truculent du dessinateur flamand Marc Sleen et de son personnage Nero où, une fois n’est pas coutume, Madame Pipe déploie des charmes qui ne sont pas qu’intellectuels...

Avec le succès de la récente Fête de la BD (110 000 visiteurs selon les organisateurs) ou la présence, ce week-end, de Japan Expo Belgium, Bruxelles réaffirme de plus en plus son statut de capitale de la bande dessinée.

Grand classique de la BD flamande, Marc Sleen met en avant les charmes coquins de ses héroïnes...

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

- Will Eisner : Du Spirit au Roman Graphique, jusqu’au 2 mars 2014.

- Olivier Grenson, 25 ans de création. Jusqu’au 19 janvier 2014.

- Murena : Les Épines, jusqu’au 1er décembre 2013.

- Nerotica, jusqu’au 18 décembre 2013.

- Le site du CBBD

Centre Belge de la Bande Dessinée - Musée Bruxelles

Rue des Sables 20

1000 Bruxelles

Tél. : + 32 (0)2 219 19 80

Fax : + 32 (0)2 219 23 76

visit@cbbd.be

Ouvert tous les jours (sauf lundi) de 10 à 18 heures.
Photos : Sauf le médaillon (CBBD) : D. Pasamonik (L’Agence BD)

 
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