Il fallait s’y attendre : la sortie de X-Men : Le Commencement écrase tout et tout le monde sur son passage : 3126 spectateurs dans les 20 salles parisiennes. Son outsider n’est autre que Le Chat du Rabbin avec 905 spectateurs dans 17 salles. Pas mal pour ce qui est avant tout un dessin animé d’auteur et une belle aventure de plus pour Joann Sfar, le wonder boy de la BD française.
La version cinématographique du Chat du Rabbin Par Joann Sfar et Antoine Delesvaux offre toutes les garanties d’un film hors normes qui distille sa petite poésie sur une bande son formidable et qui parle de sujets graves avec légèreté : la religion, les persécutions, l’antisémitisme, la tolérance nécessaire entre les peuples,… et puis ce qui fait la beauté de la vie : la splendeur des paysages, la volupté de la flânerie et la fraîcheur de l’instant, la chaleur d’une vieille amitié, les courbes hypnotiques d’une ravissante jeune femme, la passion de l’art et puis surtout l’amour. « Il faut bien que le corps exulte » suggère le poète.
On est loin du Gainsbourg, Vie héroïque à ceci près : l’un comme l’autre sont « du Sfar » et, l’air de rien, au niveau du cinéma français, c’est une petite révolution.
Il y a d’abord ce trait-croquis revendiqué qui n’hésite pas parfois à se noyer dans l’illisibilité pour flirter avec un expressionnisme louchant vers le Nabi, une première dans ce cinéma d’animation qui se veut lisse comme du Walt Disney 3D.
Il y a cette décontraction dans le récit qui chemine comme un conte susurré autour d’un feu de bois sous la voûte étoilée, la voix chaude du narrateur serpentant entre les crissements ricaneurs des grillons.
Et puis il y a ce chat, en sa féline attitude, cabotin mais pas chien, qui nous darde de ses yeux verts.
La semaine s’annonce pluvieuse et orageuse. C’est l’occasion de retrouver les salles obscures pour un rêve éveillé.
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Les éditions Dargaud proposent un Making Of du film avec une Intégrale des cinq premiers volumes.
Une exposition-vente Artludik de tirages d’art signés par Joann Sfar et Antoine Delesvaux dans les FNAC, du 5 mai au 15 juillet 2011
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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