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Le Chevalier à la Licorne - Par S. Piatzszek et G. Gonzalez Escalada - Soleil

Par Tristan MARTINE le 19 octobre 2015                      Lien  
Le récit singulier d’un chevalier, sauvé et perdu à la fois par une licorne.

1346, Bataille de Crécy. Au cours de ce sanglant engagement, qui fut la première boucherie de la guerre de Cent Ans, Juan de la Heredia, chevalier de l’ordre des Templiers, se bat aux côtés du roi de France Philippe VI. La chevalerie française attaque lourdement et se fait faucher par les flèches galloises et les piques anglaises. Le cheval du roi est tué et Juan de la Heredia décide de lui laisser son propre cheval, quitte à rester seul au milieu de l’armée ennemie.

Attaqué de toutes parts, il enlève son armure et se bat à un contre cent, transpercé de lances, de flèches et de lames, il résiste. Le dernier coup lui est porté par … une licorne, dont la corne le transperce avant de le déposer doucement sur le sol.

Le Chevalier à la Licorne - Par S. Piatzszek et G. Gonzalez Escalada - Soleil

L’animal mythique est décidément à la mode en cette rentrée bande dessinée 2015, après l’album publié récemment par Futuropolis, La Dame à la licorne, dont nous reparlerons bientôt.

À son réveil, quelques heures plus tard, ses blessures ne l’ont miraculeusement pas tué, et il voit de nouveau la licorne, qu’il poursuit jusque dans la Manche. Arrêté par les Anglais, il passe un an dans leurs geôles en Aquitaine, dessinant sans cesse sur les murs de sa prison la licorne, qui l’attend sous sa fenêtre.

Libéré grâce au paiement de la rançon par le roi d’Aragon, il fausse compagnie à ses camarades pour partir, une fois de plus, à la poursuite d’une licorne qu’il est le seul à voir. On a longtemps dit que la Bataille de Crécy marquait la fin de la chevalerie. Avec cette histoire, c’est plutôt à la fin d’un chevalier précis que l’on assiste. Juan poursuit sans cesse sa chimère, jusqu’au fond des bois, où il finit par survivre comme un animal.


Dans la dernière partie de l’album, le chevalier à la licorne reprend peu à peu pied, dans une France touchée par la peste, dans laquelle les chrétiens se flagellent et brûlent les juifs. Il essaye alors de comprendre le sens de ses visions, et en vient à la conviction qu’il doit aller en Avignon rencontrer le pape.

Cet album est réellement singulier. Cette plongée dans la folie est réussie, aussi belle que dérangeante et livre, en creux, une réflexion sur la manière de survivre à sa propre violence. Le thème de la licorne, que Juan voit partout, jusque dans la forme des nuages, permet de belles inventions graphiques, portées par des couleurs qui créent une réelle atmosphère. Cette bande dessinée est singulièrement contemplative, le héros ne parlant quasiment pas, si ce n’est pour hurler sa haine envers cette licorne qui l’obsède.

Le style réaliste de Guillermo Escalada est tout à fait en adéquation avec la France médiévale décrite, et contraste parfaitement avec les actions du héros, proches de la Medieval Fantasy. Cette bande dessinée, à cheval entre deux registres, renouvelle les codes du genre en créant une approche hybride très intéressante.

(par Tristan MARTINE)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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