Fabien est gardien au Musée du Louvre. Chaque jour, il parcourt les couloirs de l’institution, fait face à des milliers de chefs d’oeuvres et, à ce titre, a l’oeil plutôt aiguisé. Depuis peu, il a rencontré Mathilde. Ils s’aiment, mais Mathilde est un peu fuyante. Sans doute par habitude, car sa famille est particulièrement envahissante. Lorsqu’elle présente Fabien au clan Bénion, le fiancé est accueilli comme la providence : on vient de retrouver une toile de l’aïeul, un gribouillis représentant un chien qui louche. Les Bénion sont persuadés que le Musée du Louvre devrait se pencher sur le peintre d’Angers. Dans la famille, on a le sens de l’entreprise (le magasin de meubles fondée en 1947 est une fierté) et l’on voit d’un bon oeil l’entrée du « Chien qui louche » au panthéon de la peinture. L’exercice de diplomatie et de pédagogie peut commencer pour Fabien...
Avec près de dix albums déjà réalisés dans la collection de bande dessinée Futuropolis / Le Louvre, il devient de plus en plus ardu de trouver un angle original. Etienne Davodeau y parvient, en toute simplicité, en se concentrant sur des gens normaux : un simple employé du musée, volontaire, amoureux et la famille de sa chère et tendre, pas très au fait des réalités d’un musée, mais pleine d’entrain. Un fil rouge fidèle aux récits de l’auteur français, dont on dit souvent qu’il écrit des histoires à hauteur d’homme.
Avec « Le Chien qui louche », Davodeau aborde une éternelle question de l’histoire de l’art : quelle raison fait qu’une oeuvre mérite ou non d’entrer au musée ? A l’aide d’une pointe de fantastique, pas mal d’humour, il donne des éléments de réponse précis, sans jamais être condescendant. Oui, la toile au coeur du récit est une croûte immonde, mais jamais elle n’est clouée au pilori. Mieux ! Par un tour de passe passe plein d’humanité, elle finit aux cimaises du grand musée parisien. En plus de ce point de vue ouvert, Davodeau a eu l’excellente idée d’ajouter une intrigue parallèle au « Chien qui louche ». Elle emmène ses personnages hors les murs et élargit le champ de l’histoire en s’éloignant des contraintes inhérentes à la collection. Le plaisir de lecture n’en n’est que plus grand.
(par Morgan Di Salvia)
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A propos d’Étienne Davodeau, sur ActuaBD :
> "Une fois son principe imaginé, Les Ignorants a été totalement improvisé, au fil de ce que je découvrais." (Entretien en octobre 2011)
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