Rappelez-vous, c’est en Terre sainte, au XIIe siècle, que Guillaume de Tyr et le jeune Baudouin VI, respectivement roi et archevêque de Jérusalem, enquêtent pour découvrir qui a assassiné treize jeunes filles, toutes tatouées de la main de Fatima.
Ils se retrouvent piégés entre deux grandes puissances, la coalition de Saladin qui grossit de jour en jour, et les templiers, alors au faîte de leur puissance. Le leader charismatique des Sarrasins leur dévoile lui-même qui est la jeune fille au cœur de ce complot, et comme elle a mis la main sur un écrit aussi précieux que détonateur pour l’Église de Rome : un évangile apocryphe dont les révélations pourraient ébranler la foi des chrétiens et les pousser en dehors de Jérusalem. Mais le jeune roi Baudouin, atteint de la lèpre, vivra-t-il assez longtemps pour démasquer le traître qui sévit dans son ombre ?
Il a fallu attendre quatre années pour lire la suite de cet excellent thriller médiéval ésotérique. En effet, Thimothée Montaigne a tourné la page du Cinquième Évangile pour rejoindre l’équipe du Troisième Testament. Jean-Luc Istin s’est donc déniché un nouveau poulain, avec le dessinateur Robert J.Viacava, porteur d’une longue expérience en Amériques du Nord et du Sud, et donc c’est ici la première bande dessinée en Europe. Fort du story-board et des retouches graphiques d’Istin lui-même, le changement de dessinateur se fait presque naturellement, mais si on regrette la puissance et les décors plus travaillés de Montaigne.
Ce qui fait également la force du Cinquième Évangile, c’est avant tout ce climat de complot ésotérique à la fois authentique et plein de rebondissements. En se plaçant dans l’ombre de ses personnages historiques, Istin dépeint avec force leurs possibles destins, démontrant les arcanes politiques de l’époque, et les ’petits’ éléments susceptibles de bouleverser l’équilibre instable de l’époque.
Le Cinquième Évangile ne repose pas uniquement sur une révélation digne à ébranler l’Église, c’est le prétexte pour évoquer des hommes parfois intègres, parfois violent, et dépeindre le quotidien qui leur permettait de tenter de sauver le prochain, ou de le massacrer impunément au nom d’une soi-disant cause, ou par pur sadisme.
Souvent volontairement confus dans son découpage de séquences, cette série est sans doute le meilleur exemple actuel d’une ambiance intense et historique. À conseiller à un public exigeant et connaisseur.
(par Charles-Louis Detournay)
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