Le Codex Angélique - T3 : Thomas - Par Gloris & Bourgouin - Delcourt

Après son évasion fortuite, Thomas a accepté la fatalité de sa déchéance et croque le fruit défendu à pleines dents en vivant une passion torride avec Lisa. Mais son corps est rongé par la noirceur de la capture de l’ange, à laquelle il a participé bien malgré lui, et il craint cette damnation qui le guette.

Pour espérer lever la malédiction, il n’a d’autre choix que de faire confiance à l’auteur du Codex Angélique, nourrissant également de sombres pensées qu’il n’ose dévoiler. Mais son oncle, possédé par la folie de ramener à la vie la mère de Thomas, les laissera-t-il mener à bien leur tentative de rédemption ?

Après un second tome un peu fade, cette conclusion renoue avec toutes les qualités du premier opus : le lecteur est baladé dans un récit où il ne trouve pas de prises directes. Mais au gré des pages, il entraperçoit subtilement le cheminement des personnages pour l’amener dans une ’conclusion’ aussi étrange que subtile.

C’est surtout le mélange des genres qui bonifie le scénario de Thierry Gloris. Son récit mêle avantageusement ésotérisme, fantastique et policier dans un contexte historique fort bien travaillé. C’est d’ailleurs dans cette même époque que situe Waterloo 1911. Comme dans son autre série Saint Germain, il bouscule le lecteur pour le placer dans une position de surprise permanente plutôt jouissive. Même si l’action laisse moins de place à l’humour, on profite de ses connaissances en histoire pour savourer le langage fleuri qu’il place dans la bouche de ses personnages. Comme pour le second tome, un lexique final vient au secours des lecteurs soucieux de parfaire leur érudition.

Mickaël Bourgoin est également l’excellente révélation du Codex Angélique. Son dessin, sa superbe mise en couleurs et ses jeux de lumière tissent l’âme noire de la série. Le Codex s’étant refermé, on peut se demander si son style si particulier pourra s’adapter à d’autres univers. Une partie de la réponse se retrouve dans le chapitre du Skydoll Collection qu’il a brillamment illustré : il peut orienter son dessin pour insister sur des effets aussi positifs et démoniaques. On attend donc impatiemment ses prochains albums pour vérifier ces attentes, peut-être dans un univers qui lui sera entièrement personnel ? Il donne déjà certaines pistes sur son blog où l’on peut admirer les peintures qu’il réalise.

Avec un final plus ésotérique que policier, on ferme avec regret le dernier chapitre de ce tryptique, et on peut déjà classer la série parmi les classiques du genre, pour autant qu’on puisse lui définir une famille caractéristique. Que cela soit ensemble ou séparément, les prochains albums de ses auteurs devront être examinés à la loupe : on devrait encore y retrouver de belles pépites.