Si Mohamed Ali s’est hissé au Panthéon de la boxe pour toujours, Joe Frazier n’a pas la même notoriété en dehors du monde du noble art. À travers le combat époustouflant qui opposa les deux champions le 8 mars 1971, les auteurs retracent la vie de Frazier, enfant de la Caroline du Sud. Un état largement en retard dans la reconnaissance des droits des afro-américains.
Sportif d’exception, Joe Frazier a connu une carrière atypique. Tapant dans des sacs bricolés avec les moyens du bord dès l’enfance, il travaille dur aux champs avant d’enchaîner les petits boulots à New-York. Des années ingrates qui le mèneront au sommet de la boxe mondiale à la toute fin des années 1960.
Tout l’intérêt de cette biographie tient à la mise en perspective. Le scénario de Loulou Dedola est aussi pertinent dans l’évocation d’une jeunesse marquée par la domination des "Wasp" que dans la philosophie chrétienne de Frazier, tentant constamment de pacifier son statut, opposé au militantisme farouche d’Ali, très lié de son côté à sa foi de musulman converti. On voit aussi dans ce récit solidement charpenté le poids de la politique et des calculs financiers, déjà... Last but not least, la relation Frazier/Ali se développe dans une fascinante danse de haine/respect, où la bienveillance du premier fait face à l’humour, puis à la haine du second. Le dessin de l’italien Luca Ferrara, riche de ses ambiances électriques, de ses énergies chaleureuses et des détails, porte avec justesse la passion de ces hommes de ring, partis de rien pour conquérir le monde.
(par David TAUGIS)
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