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Le Comic-Con de San Diego 2010 confirme le lien étroit qui unit bande dessinée et cinéma

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 30 juillet 2010                      Lien  
L’affaire n’est pas nouvelle, même si certains médias le découvrent subitement : la convention de comics de San Diego est un peu l’arrière-salle d’Hollywood où les stars en goguette viennent profiter de l’été pour faire la promo de leur dernier film. Et la BD dans tout cela ? Elle devient de plus en plus un prétexte.

« Le Monde » titrait hier : « Hollywood à l’assaut du Comic-Con ». Nous le constations il y a deux ans déjà : aux États-Unis, la BD est devenue le département de Recherche et Développement du cinéma

Nous vous avions raconté l’extraordinaire aventure vécue par Chuck Rozanski : « Un jour, un type lui propose une BD pour sa boutique. Hormis les couvertures confiées à des artistes réputés, elle est franchement nulle. Il ne pense pas en commander plus de 20 exemplaires. Son interlocuteur lui suggère d’en commander 200 à son distributeur Diamond Comics (quasi le seul distributeur de comics aux USA), ce qu’il refuse, jusqu’à que notre « éditeur » lui offre de les racheter un dollar plus cher que ce qu’il les aurait payés. Pourquoi fait-il cela ? Parce qu’il est en train de vendre les droits de sa BD à Steven Spielberg. Celui-ci est intéressé par le pitch mais attend de voir comment ce nouveau comic book se comportera en librairie. Grâce à cette manœuvre opérée auprès des principaux points de vente, le titre figure brièvement dans le Top 3 des meilleures ventes de Diamond Comics. Cette information, selon Chuck Rozanski, suffit à faire conclure l’affaire : notre éditeur-scénariste vendit effectivement son script à Spielberg.  »

San Diego est devenu la grosse machine à pitcher les projets aux fans, à monter le buzz des films. Cela se confirme cette année : Sylvester Stallone, Bruce Willis, John Malkovich, Morgan Freeman, Richard Dreyfuss, Nicolas Cage et on en passe étaient tous présents. « Cela nous change de Monaco !  » glousse Maurice Horn dans un mail qu’il m’envoie pour commenter l’évènement. Effectivement.

Trailer pour Thor (prévu en 2011)

Même si, depuis le début, avec l’adaptation par les Frères Lumière de la bande dessinée L’arroseur arrosé (1889), la BD est intimement liée au cinéma. Et à la télévision, comme les mangas ont pu en faire la preuve depuis les années 1960.

Reste à savoir si la tendance va traverser l’Atlantique. Elle le fait, à son échelle : Luc Besson pour Adèle Blanc-Sec comme Spielberg & Jackson pour Tintin sont venus profiter d’Angoulême pour faire leur buzz (par film interposé, il est vrai, pas en chair et en os) et un grand nombre de réalisateurs et d’acteurs étaient présents début juillet à Villepinte lors de l’évènement Japan Expo - Comic Con 2010.

Trailer pour un desin animé de Marvel tiré de Iron Man

La BD a-t-elle quelque chose à en retirer ? Oui et non.

Oui, car cela permet la prise de conscience qu’en dépit de son faible chiffre d’affaires comparé aux jeux vidéo ou au cinéma, elle est véritablement un facteur d’influence sur toutes les cultures populaires de l’image.

Non, car l’industrie de masse formate tout, uniformise tout, et comme le dit justement Alan Moore « tire la BD vers le bas ». Il s’inquiétait à juste titre que les spectateurs de ces films pensent que ses BD ressemblaient aux films qui en étaient tirés. « Je ne veux plus de leurs chèques ! » avait-il déclaré, dépité par l’usage qui était fait de son travail.

Oui, parce que, par exemple en France, une nouvelle génération de créateurs : Satrapi, Winschluss, Sfar, Sattouf, Rabaté ou Oubrerie se saisissent de ce médium pour en prendre le contrôle.

Les échanges entre BD et cinéma sont loin d’être terminés…

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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9 Messages :
  • Pour compléter votre conclusion, l’un des principaux effets pervers des adaptations au grand comme au petit écran est que les BDs qui ont engendré ces déclinaisons deviennent alors le produit dérivé de leur ersatz animés et filmés aux yeux du grand public.

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  • Satrapi, Winschluss, Sfar, Sattouf, Rabaté ou Oubrerie se saisissent de ce médium pour en prendre le contrôle.

    C’est surtout qu’on leur en donne l’opportunité, il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir, il faut que quelqu’un le veuille pour vous.

    Répondre à ce message

  • Article intéressant -plus qu’il n’y paraît (pardon Mr DP). En effet la presse quotidienne internationale fut prompte à relayer les infos émanant de Comic-Con (sous la forme de notices toutefois, n’éxagérons rien). Cette presse fut d’ailleurs bien plus rapide à relayer l’information que ne le fut un site spécialisé comme ActuaBd- et c’est loin d’être une critique, la presse se contentant d’aligner les noms des stars pressenties pour ces projets divers.

    Parmi les divers projets non mentionnés dans votre article il convient de citer....zzzzz... pardon je m’étais endormi, il convient de citer donc "Green Lantern" (baîllement). C’est d’ailleurs plus qu’un projet, c’est réalisé je crois. L’acteur est très beau. Son engagement sur ce film peut nous permettre d’espérer que l’on parviendra enfin à refourguer ce vieux stock de bagues en plastoc à quelques quadragénaires nostalgiques.

    Attention, on parle aussi donc du coup d’un film avec la "JLA". Se fera-t-il, ou pas ?! DC ne veut rien dire, grr ces types sont durs à déchiffrer. De l’autre côté, chez Marvel, on contre-attaque avec les "Avengers", mais rien n’est sûr non plus. Un Nick Fury d’abord ? C’est possible !

    En même temps il fait bon de revoir cette vieille baderne de Thor, c’était avant Schwarzenhegger- que d’émois adolescents !... Espérons que le film gardera la prose Stan Lee-nienne qu’y faisait le charme unique de la série.

    Blague à part, l’adaptation de bd au cinéma frise la catastrophe et l’OD mentale. À mon point de vue, complètement suggestif, seul Spiderman2 s’est acquitté de la tâche : cad à présenter un spectacle original qui fait oublier les codes de la bd.

    Et puisque je suis en forme je ne vais pas me gêner : d’abord, enfant, j’assitais aux "Oranges Bleues". Il est difficile de décrire la honte, la véritable et profonde honte de voir des adultes déguisés et faisant des pantomimes grotesques.

    C’était pas Tintin. Et c’était un très mauvais film. Même à 10 ans, pas besoin d’être un grand critique pour que cela saute aux yeux.

    Sans fil rouge, juste la mémoire, je me remémorre aussi l’ignoble "Dick Tracy", les masques et tout. Le look 80’s...Pareil, la honte. La honte d’aimer un genre fait pour les "idiots". La honte que l’on puisse transformer ce chef-d’oeuvre de graphisme et de scénarios hard-boiled en mascarade latex. Et Sin City, c’est les "Barrios" ! Et puis le naufrage "Watchmen". "V comme Vendetta", trop bavard et intelligent pour son propre bien.

    Pour parler de Miller par ailleurs, il commence à aligner les navets. Le "Spirit" était une m... sans nom que je n’ai pas pu regarder plus de 20mn.

    Dans le même registre, celui de la caricature, je n’irai jamais voir "Tamara Drewe". Encore un exemple de condescendance, de raccourcis diminutifs. Ce qui marche en codes graphiques (T-Shirt et Jeans coupés) deviennent des reflets cinématographiques pantalonnesques de farces éculées en plein ècran.

    D’un autre côté, et je n’arrive pas vraiment à relier la "chose". Mais il me semble que "American Splendor" ou le doc de Zwigoff sur "Crumb" transcendent et enrichissent la connaissance que nous pouvons avoir de ces créateurs.

    Mais là, finalement, il faut aussi se poser la question : tout cela n’est-il pas un gigantesque freak-show ? Les monstres super-héros aux super-pouvoirs et les autres monstres, les "Rejects" ?

    Dans une perspective économique cela aboutit au même point idéologique : la particularité aboutit au succès car c’est finalement le maître-mot de notre époque.

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  • La branche édition des comics est effectivement devenue le département recherche et développement du cinéma et tout autres produits dérivés de l’industrie du divertissement américain.Juste un laboratoire donc,pour l’instant encore nécessaire.C’est difficile a avaler...

    Ce qui a amené à cet état de fait,c’est l’erreur monumentale qu’ont fait les comics de quitter les grands points de ventes à la forte fréquentation populaire (supermarché ect..) de base pour se cantonner exclusivement dans des points de ventes spécialisés (les comics shop)à la visibilité par le plus grand nombre plus que réduite et seulement fréquentés par les vrai fans.Vu les ventes de l’époque ,ça semblait une bonne idée,c’était au public de se déranger.

    Petit à petit,la visibilité des comics s’est faite plus confidentielle,seul les habitués( public vieillissant) sont entrés dans les boutiques spécialisées et le public ne s’est pas renouvelé partit ailleurs sur des loisirs plus"exposés" et markétés. Les efforts fait par la suite pour rattraper le coup et le terrain perdus l’ont apparemment été en pure perte. Ironie,ce beau travail de vision courte et d’entrée droit dans le mur, fait passer un énorme public à côté de comics qui n’ont peut être jamais était aussi bon : les talents sollicités venant de tout les domaines chacun amenant une couleur un renouveau au genre.

    Attention attention,cette erreur catastrophique est en train-dans une certaine mesure et avec d’autres manière- de se reproduire dans la franco-belge.Voir du côté d’Angoulême notamment .

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    • Répondu par Francois Pincemi le 31 juillet 2010 à  19:20 :

      "Voir du côté d’Angoulême notamment ."

      Que voulez vous dire précisément ? Que les livres primés ne sont pas de vrais succès de librairie ?

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      • Répondu par la plume occulte le 2 août 2010 à  10:16 :

        Je parle surtout de la volonté de confiscation de la BD par une certaine aristocratie auto-proclamée qui veut la couper du public populaire par divers artifices, qui ne sont en fait,qu’un projet de domination.Leurs armes affutées sont les réseaux -parisien souvent puisque c’est là que se font la plupart des médias- le copinage outrancier ,et la négation de la pensée de l’autre ,sans parler du mépris.Mais on va pas les laisser faire ces ténors du "c’est moi qui sait"...

        Effectivement,ne pas mettre en avant les gros succès comme figures de proues pour interpeller et intéresser un nouveau public sera comme pour les comics chèrement payé un jour ou l’autre.Mais bien d’autres problèmes se présentent à la BD,et personne ne semble vouloir les voir et en tenir compte.

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        • Répondu par Paulo le 2 août 2010 à  10:47 :

          Ho non ! c’est pas possible, il existe encore ce discours !? :)

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          • Répondu le 2 août 2010 à  22:54 :

            Un peu mon neveu, c’est la plume au culte... Il confond le plan de métro de Paris et le catalogue de Fremok, il y voit une conspiration underground l’animal !

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          • Répondu par la plume occulte le 4 août 2010 à  10:21 :

            S’il existe toujours,c’est qu’il y a peut être des raisons...Et si les différents palmarès -frelatés-de remise de prix apparemment vous conviennent ,alors ils sont obligatoirement justes et pertinents.Vu que vous êtes irrémédiablement infaillibles et omniscients, c’est forcément les autres -les neuneux:du monde dans l’humanité-qui ont tort,puisque il est tout aussi évident que vous ne pouvez vous tromper.Alors tant mieux pour vous et tant pis pour la BD.

            Au fait ,vous l’aimez la BD ?Puisque il est tout aussi évident que vous ne savez pas la lire !!!....Ceci expliquant cela...

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