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Le Démon du soir – Par Florence Cestac – Dargaud

Par Morgan Di Salvia le 26 juin 2013                      Lien  
Après « Le Démon de midi » et celui de l’après-midi, en toute logique, Florence Cestac se penche sur celui du soir. Un album partiellement autobiographique et toujours savoureux, même si la mécanique de la série est connue.

Sous-titré « la ménopause héroïque », le nouvel album de Florence Cestac reprend le fil de l’existence de Noémie, double de fiction de l’auteure, qui après les crises et déconvenues de la quarantaine et de la cinquantaine, vit pleinement sa joyeuse entrée dans la soixantaine. Il n’empêche, à chaque âge ses soucis. Pour Noémie, il y a désormais les moments d’angoisse des premiers bilans de santé inquiétants, la gestion du baby-sitting des petits enfants, une maman qui bat du chapeau, un mari amorphe… Puis, il y a l’envie de repartir d’une feuille blanche qui n’est jamais loin… Les sexagénaires seraient-ils les nouveaux adolescents ?

Le Démon du soir – Par Florence Cestac – Dargaud
Un extrait du "Démon du soir"
© Cestac - Dargaud

« Le Démon du soir » est un album attachant sur le temps qui passe. Certes, le résultat n’est pas toujours original, car en somme, Cestac poursuit son portrait de femme, en parallèle avec son propre vieillissement, avec les mêmes ressorts que dans les volets précédents. Cependant, la chronique de Cestac se démarque lorsqu’elle aborde avec appétit un sujet jamais traité en bande dessinée (si l’on excepte les mémorables « Petits ruisseaux » de Pascal Rabaté) : l’amour au troisième âge. C’est dans ce sillon que l’on trouve les pages les plus réjouissantes du livre.

Un constat s’impose à la lecture de ce volume : le courant contemporain de bande dessinée girly a beaucoup à apprendre de ces albums qui sous un apparat léger ont un sacré supplément d’âme.

(par Morgan Di Salvia)

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Dargaud
 
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3 Messages :
  • Le Démon du soir – Par Florence Cestac – Dargaud
    26 juin 2013 11:18, par Oncle Francois

    Cher Monsieur Di Salvia, merci pour votre conclusion ( le courant contemporain de bande dessinée girly a beaucoup à apprendre de ces albums qui sous un apparat léger ont un sacré supplément d’âme.). Au-delà d’un thème universel (les problèmes liés à l’apparition du vieillissement, auxquels les femmes sont plus sensibles que les hommes, et aussi le regain d’optimisme quand l’on réalise qu’on a encore normalement quelques décennies de vie et de bonheur devant soi, il y a beaucoup de joie et de bonne humeur dans ce livre qui alterne avec gravité et émotion. On est dans le Vécu de la Vraie Vie d’une Femme Adulte, et non dans l’évocation des frustrations de fashion victims à peine sorties de l’adolescence, adeptes du shopping et de grimaces et contorsions décalées. J’ai vu Joséphine hier au cinéma, ce n’est pas désagréable, mais ne vole pas très haut...

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    • Répondu par Alex le 26 juin 2013 à  19:46 :

      Cher Tonton, discutons donc ailleurs (ici) de nos réserves sur le sujet de la bd "girly". Je vous laisse assumer ici vos propos sur le vieillissement... Ceci dit, je me pose la question de "l’utile" à "l’agréable". Pas seulement du point de vue du lecteur mais aussi de celui du créateur. Le travail de Mme Motin est-il utile ? Pas nécessairement, mais il peut le devenir dans son parcours d’artiste (elle est très douée dans la mimique, le dessin et la répartie ironique). Est-ce pour cela un travail signifiant, qui ferait réfléchir certaines personnes sur leurs conditions. Non, c’est une pochade plutôt intelligente des moeurs. Il faut aussi des grimaces, des pantalonnades à la Motin pour circonvenir l’expérience humaine. Mme Cestac- que j’admire depuis longtemps- mous entraîne dans une expérience beaucoup plus personnelle. C’est bien entendu plus vital et profond. Mais...! Aussi vital que la nourriture quotidienne puisse l’être j’aime aussi me goinfrer de Chips jusqu’à en plus pouvoir. C’est déjà beaucoup plus que les 3/4 du monde ne puisse en rêver. Un peu de perspective sur la création, elle n’est pas nécessairement cannibale. Le temps fera la différence mais je crois que les oeuvres de Mme Motin feront références- pour le meilleur ou pour le pire.

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      • Répondu par Alex le 27 juin 2013 à  00:19 :

        Je continue car je crois que j’ai laissé certains points dans l’obscurité. Il y a toute une lignée de la bd autobiographique qui remonte aux comix underground US des années 70. Justin Green comme grand innovateur formel. Il ne faut pas oublier que de parler de soi est une sacrée révolution, avec us et abus. Mais cela a été cimenté par le grand Justin Green : "J’ai montré le mauvais exemple", disait-il. J’ai toujours été fasciné -pour avoir parlé avec certains membres historiques de l’auto-bio à la française- de constater leur manque d’ancrage historique. Quand on voit la littérature c’est aussi un phénomène relativement récent finalement. Il y eu des prémisses bien entendu mais sur ce chapitre je pense que la bd fut révolutionnaire. Aujourd’hui nous n’en voyons que les extensions qui nous semblent inutiles et vaines. Je crois toutefois qu’il nous faudra encore quelques années pour juger pleinement de l’impact de ce genre. Il est déjà par ailleurs omniprésent aujourd’hui dans toutes les représentations de sa futilité aussi. Mais il ne faut pas oublier que ce genre fut innové par un dessinateur fou et obsessionnel qui en toute sincérité souhaitait présenter ses angoisses. De lui à Motin il y a des galaxies, c’est elle qui ne le sait pas. Qui pour l’instant ne veut pas franchir la barrière qui l’emmènera plus loin dans son art. Car pour cela il faut plus que du talent, il faut du courage.

        On a pas vu la fin de l’autobio en bd mais déjà une autre génération pointe son nez, comme l’incroyable Simon Hanselmann "star de tumblr". Nos créatices parisiennes semblent bien dépassées du coup. C’est un mouvement en changement perpétuel. Mme Motin est dans un registre très sympa comparé à tout ce qui se fait dans l’auto-bio. C’est sa prérogative mais elle n’est nullement la représentante d’un mouvement ou d’une mouvance. Laissez-la donc évoluer, son goût pour les mimiques est représentatif toutefois d’un intérêt pour l’humain. Ça peut devenir très bien (souvenez-vous de la "superficialité" de Lauzier). Mais là je n’y peux rien... Et puisque ce lieu était consacré au travail de Florence Cestac, j’espère qu’elle ne m’en voudra pas trop pour avoir pris la liberté de m’exprimer sur l’autobiograhie en bd. Même si ses vues diffèrent des miennes à l’occasion

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