Dans le sillage d’un Marie-Antoinette, Glénat propose là un one shot soigné et précieux, dans la forme comme dans le fond, construit autour d’une figure féminine fascinante. Véritable reine des demi-mondaines, Kisho se distingue de ses consœurs non seulement par son incroyable beauté, vantée par des estampes à son effigie par tout le pays, mais aussi par ses mœurs, modernes et originales.
Quand les autres expriment leur art et leur excellence à travers la sélection qu’elles opèrent parmi ceux qui prétendent à leurs faveurs, Kisho, elle, accueille sans discrimination qui possède les moyens, nécessairement très élevés, de s’offrir ses charmes. Comble de la transgression, elle cultive même une clientèle occidentale à Dejima, quartier de Nagazaki où accostent les navires étrangers, et en particulier hollandais, dans les années 1850.
Portrait de femme paradoxalement au sommet et à la marge à la fois, Le Dernier Envol du papillon vaut pour le cadre dépeint, soigneusement documenté et à l’atmosphère excellemment ménagée, par la subtilité de ce personnage plus complexe qu’il ne semblait au premier abord, et par un graphisme fin et rond à la fois, plein d’élégance et de sensualité.
Reste l’intrigue, pas follement passionnante, plutôt convenue malgré les péripéties et les effets ménagés. Malgré encore de jolis dialogues, notamment sur la fin du volume, entre le personnage du médecin hollandais et la belle courtisane. Mais au final Kisho séduit toutefois et offre un plaisant moment de lecture en sa compagnie.
(par Aurélien Pigeat)
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