La vie du héros, bascule le jour où sa fille Caroline se suicide à la suite d’un viol subi dans un train de banlieue. Anéanti par la douleur et la solitude ce père tranquille se transforme en justicier et... en tueur, décidant d’éliminer quelques-uns des pires assassins dont il a suivi le procès au cours de sa carrière de dessinateur judiciaire. À la suite de longues et minutieuses traques, il les exécute à leur sortie de prison. Le destin de cet antihéros triste et désabusé va être bouleversé lors de sa rencontre avec la jolie Léa dont il devient l’amant.
Problème : la jeune femme est commissaire de police, et chargée d’enquêter sur… les mystérieuses exécutions perpétuées par le Dessinateur !
On n’attendait pas forcément Erroc, scénariste des Profs et d’autres séries comiques du même éditeur, dans un registre aussi noir. Associé à François Dimberton, grand connaisseur de l’oeuvre de Maurice Tillieux, il fait son entrée dans la collection Grand Angle en livrant un récit original, au réalisme glacé et percutant.
Ce polar noir et pessimiste nous donc invite à suivre ce personnage sombre et désespéré dans sa dérive morbide (thème souvent traité au cinéma ou dans la littérature policière), point fort d’un récit très maîtrisé, sensible qui joue la proximité avec le lecteur. Raconté à la première personne, cette histoire loin de faire l’apologie de l’autodéfense (à l’image de certaines productions américaines) s’attache d’abord à nous faire pénétrer dans la psychologie compliquée et perturbée de son personnage principal.
Si le graphisme reste assez conventionnel et manque peut-être parfois d’audace ou de chaleur pour séduire le lecteur avide de nouveauté et de surprise, le carnet de croquis associé à la première édition permet d’apprécier le talent d’observateur attentif de Jean Trolley. Cette histoire qui se lit d’un trait (un trait noir évidemment !) instaure très vite un suspense lourd et haletant dont l’épilogue est prévu dans un second tome.
Dans la lignée inaugurée avec l’excellent Borderline d’Alexis Robin et Nathalie Berr, ce nouveau titre confirme la bonne santé de la collection Grand Angle et contribue à l’ouvrir vers de nouveaux horizons.
(par Patrice Gentilhomme)
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