Petit Kou est un fils de marchand, dont le sévère père est souvent en voyage, ce qui constitue évidemment une aubaine pour le garnement. Mais quand sa belle et jeune mère est victime d’un esprit renard, sorte d’incube pouvant prendre formes animale et humaine, Kou réalise bien vite qu’il est le seul à pouvoir la protéger.
Pour sa première œuvre publiée en France (et d’ailleurs inédite dans son pays), l’auteur chinois NIE Chongrui signe une très divertissante balade au pays des contes traditionnels, celui-ci étant inspiré de PU Songling, un auteur à cheval entre le 17ème et le 18ème siècle (il est légèrement postérieur à Charles Perrault).
Le gamin, qui tient tête aux figures d’autorité avant de tenir bon face aux maléfices du renard, est un personnage dont on prend plaisir à suivre les tribulations. Les adultes sont tous ridicules, que ce soit la cuisinière de la famille, forte femme qui ne fait pas preuve d’une grande résistance face au démon, ou le hautain magicien appelé à la rescousse, qui échoue lamentablement.
Le dessin de l’auteur est empreint d’un grand dynamisme, et son style ne devrait pas dépayser les lecteurs de BD franco-belges. Le trait simple rappelle d’ailleurs le dessin animé, pour lequel NIE a jadis travaillé. Ce qui ne l’empêche pas de parfois utiliser une technique de rendu et de couleur plus réaliste, par exemple pour certains gros plans sur le visage du mage ou celui du renard, ce qui crée un intéressant contraste avec le reste de la BD.
La Fils du marchand est un album qui devrait pouvoir intéresser aussi bien les jeunes lecteurs que les autres. Avec son format franco-belge et ses 80 pages (l’éditeur a eu la bonne idée de nous proposer un carnet de peintures et de croquis de l’auteur en ouverture), il constitue une première fenêtre sur la BD chinoise et sa diversité.
(par François Peneaud)
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