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Le Jardin de minuit - Par Edith - Soleil

Par Tristan MARTINE le 27 janvier 2016                      Lien  
Un album jouant avec le temps, nos souvenirs et nos fantômes. Un récit enfantin d’une rare poésie.

Il est compliqué de résumer cette bande dessinée, sans minimiser sa puissance poétique et sans révéler la fin de l’histoire. Alors, disons seulement qu’en Angleterre, dans les années 1950 ou 1960, un petit garçon, Tom Long, doit partir plusieurs semaines en quarantaine chez son oncle et sa tante, car son frère a la rougeole et ses parents craignent que Tom ne l’ait également attrapée.

Le Jardin de minuit - Par Edith - Soleil

L’enfant s’ennuie, n’ayant pas le droit de sortir. Et pourtant, l’aventure vient de là où on ne l’attendait pas : du bout du couloir ! À côté d’une vieille horloge, une porte donne sur une petite cour sans intérêt. Pourtant, la nuit, cette horloge sonne treize coups, et quand Tom ouvre cette porte, il se retrouve dans un immense jardin, dans lequel jouent des enfants qui ne le voient pas. Seule une petite fille, Hatty, perçoit ce « fantôme ».

Chaque nuit, Tom revient dans ce jardin sorti d’on ne sait où, et chaque nuit, il se retrouve à un moment différent : toujours à l’époque victorienne, mais jamais la même année. Il voit grandir, rajeunir, disparaître Hatty, avec qui il devient ami.

Edith adapte ici le roman de Philippa Pearce, Tom et le jardin de minuit. Ce classique de la littérature anglaise reçut en 1958 la médaille de Carnegie, et Edith arrive ici à lui donner une puissance remarquable par son dessin très expressif et ses couleurs splendides, recréant des atmosphères très différentes et toutes très réussies.

Ce premier album d’Edith en solo montre le talent de l’illustratrice, qui construit une narration fluide et dynamique. L’album a déjà reçu la « Pépite BD/ Manga » du 31e Salon du Livre et de la Presse jeunesse de Montreuil en novembre dernier. Il est désormais en lice pour le prix du meilleur album Jeunesse au Festival d’Angoulême.

Nul doute que cet album poétique mériterait de recevoir des prix. Le prix jeunesse ? Pas forcément ! Si cet album possède plusieurs niveaux de lecture et peut en effet être lu par des adolescents, ce sont sûrement leurs parents qui prendront le mieux la mesure de la portée quasi-philosophique de ce récit.

(par Tristan MARTINE)

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Soleil ✏️ Edith
 
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8 Messages :
  • "Nul doute que cet album poétique mériterait de recevoir des prix. Le prix jeunesse ? Pas forcément !"

    Vous mettez le doigt sur un vrai problème. La bande dessinée destinée à la jeunesse est trop souvent un ghetto. Par exemple, une bande dessinée catégorisée ainsi ne pourra jamais recevoir le prix du meilleur album à Angoulême. Comme s’il fallait nécessairement s’adresser aux adultes pour faire une œuvre d’art majeure. La jeunesse est considérée comme un genre mineur de la bande dessinée. Pourtant, tout vient de là.

    De nombreux chefs-d’œuvre de la littérature anglaise du XIXème siècle ne sont que des livres pour enfants (Stevenson, Wilde, Carroll, Dickens, Dumas, Verne…). La majorité des films en image de synthèse sont des œuvres pour enfants. Toy Story est un chef-d’œuvre de l’Histoire de l’Art parce que c’est le premier long métrage totalement fabriqué avec des ordinateurs.
    Cet album d’Édith aurait très bien pu figurer dans la catégorie meilleur album. Mais la bande dessinée qui se croit devenue adulte et émancipée, est encore bien trop adolescente.

    Les jurys à Angoulême pour les prix "Jeunesse" : des enfants. C’est absurde. Aussi absurde et injuste que pas de femme dans la liste pour le Grand Prix.

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    • Répondu par Sergio Salma le 27 janvier 2016 à  10:57 :

      Le hiatus est énorme ; mais Pixar non ce n’est pas QUE pour les enfants, les romans dont vous parlez c’est le temps qui les a classés dans cette catégorie , pas du tout à l’origine pensés pour la jeunesse, qui lisait à l’époque ? certainement pas les enfants , il faut contextualiser. Même si je vous suis dans votre raisonnement quant à la valeur des choses et au malentendu culturel.

      Les oeuvres que l’on appelle tous publics ne sont pas des oeuvres pour la jeunesse ce sont des livres, films qui n’excluent pas les enfants, c’est différent. Les oeuvres pour adultes excluent les enfants mais portent aussi en elles d’autres "ambitions" . Il y a une noblesse à aborder des sujets difficiles, une frontalité dans le propos, le traitement graphique peut être plus pointu, plus "libre" ; ce qui donnera au final l’illusion que cette œuvre est plus "récompensable", plus "primable".

      C’est le même malentendu qui court pour les comédies et les tragédies. La communauté humaine récompense plus volontiers le sérieux, il faut s’y faire. On parle là d’un comportement très franco-français. Depuis toujours partout ailleurs, on est moins coincés quant à ces notions. Puis il y a de nombreux contre-exemples , le fait que Zep ait été couronné, il y a aussi de nombreux albums tous-publics récompensés mais vous avez raison , il ne viendrait à l’idée de personne de les faire concourir côte à côte. Inconsciement , le milieu de la bande dessinée qui souffre (un peu) de la condescendance de beaucoup se prend à son propre piège ; il récompense le sérieux( je caricature) , le tragique et garde dans une autre partie de sa mémoire le patrimoine de la bande dessinée , qui lui est constitué à 100% d’albums et de personnages qui étaient destinés ( en priorité) aux enfants. On est donc bien dans le schéma tant décrié.

      Les formules telles que "De 7 à 77 ans" ou bien "la lecture pour toute la famille" ont été pendant très longtemps , après-guerre une option majoritaire. Tous nos géants belges ou franco-belges travaillaient dans cette optique. Puis la multiplication des genres et des sorties a obligé tout le monde à inventer des créneaux . Le tous publics, l’adulte et le jeunesse. Ne peuvent être classées pourtant dans le jeunesse que des bandes dessinées qui excluraient les adultes ; or ce n’est pas le cas dans la grande majorité des cas ; il y a bien des séries vraiment jeunesse , celles où un adulte( ou même un ado) ne s’y retrouverait pas du tout, mais on a un souci de classement . Dodier fait de la bédé jeunesse mais n’importe qui peut le lire.

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      • Répondu le 27 janvier 2016 à  13:01 :

        Le hiatus est énorme ; mais Pixar non ce n’est pas QUE pour les enfants,

        Ce qui est pour les enfants n’est que très rarement QUE pour les enfants. Et puis, les adultes ont tous gardé un enfant en eux (rosebud).

        les romans dont vous parlez c’est le temps qui les a classés dans cette catégorie , pas du tout à l’origine pensés pour la jeunesse, qui lisait à l’époque ? certainement pas les enfants , il faut contextualiser.

        Contextualisons. Pour éviter la censure, de nombreux écrivains au Royaume-Uni ont choisi de s’adresser d’abord aux enfants.
        Pour ce qui est de Jules Verne, c’était clairement pour la jeunesse.

        Même si je vous suis dans votre raisonnement quant à la valeur des choses et au malentendu culturel.
        Les oeuvres que l’on appelle tous publics ne sont pas des oeuvres pour la jeunesse ce sont des livres, films qui n’excluent pas les enfants, c’est différent.

        Exact.

        Les oeuvres pour adultes excluent les enfants mais portent aussi en elles d’autres "ambitions" . Il y a une noblesse à aborder des sujets difficiles, une frontalité dans le propos, le traitement graphique peut être plus pointu, plus "libre" ; ce qui donnera au final l’illusion que cette œuvre est plus "récompensable", plus "primable".

        Pas toujours. Il peut aussi y avoir une production adulte pornographique et ultra-violente sans "ambitions" ni noblesse.
        Pour éviter la censure, les préjugés esthétiques, etc. Un auteur contemporain peut aussi utiliser la bande dessinée jeunesse pour s’exprimer plus librement. Toutes les époques ont leurs interdits. Nous ne sommes plus à l’époque Victorienne mais les préjugés n’ont pas tous disparus, d’autres sont apparus aussi.

        C’est le même malentendu qui court pour les comédies et les tragédies. La communauté humaine récompense plus volontiers le sérieux, il faut s’y faire.

        Les livres pour la jeunesse peuvent être sérieux aussi, non ?

        On parle là d’un comportement très franco-français. Depuis toujours partout ailleurs, on est moins coincés quant à ces notions.

        Peut-être mais je doute que vous puissiez connaître le monde dans sa totalité pour pouvoir l’affirmer. Et généraliser ce qui ferait "l’esprit français", c’est impossible, même pour un belge.

        Puis il y a de nombreux contre-exemples , le fait que Zep ait été couronné, il y a aussi de nombreux albums tous-publics récompensés mais vous avez raison , il ne viendrait à l’idée de personne de les faire concourir côte à côte.

        Zep avec Titeuf s’est plutôt adressé aux pré-ados. Mais il est vrai qu’il a ouvert des champs.

        Inconsciement , le milieu de la bande dessinée qui souffre (un peu) de la condescendance de beaucoup se prend à son propre piège ; il récompense le sérieux( je caricature) , le tragique et garde dans une autre partie de sa mémoire le patrimoine de la bande dessinée , qui lui est constitué à 100% d’albums et de personnages qui étaient destinés ( en priorité) aux enfants. On est donc bien dans le schéma tant décrié.
        Les formules telles que "De 7 à 77 ans" ou bien "la lecture pour toute la famille" ont été pendant très longtemps , après-guerre une option majoritaire. Tous nos géants belges ou franco-belges travaillaient dans cette optique. Puis la multiplication des genres et des sorties a obligé tout le monde à inventer des créneaux . Le tous publics, l’adulte et le jeunesse. Ne peuvent être classées pourtant dans le jeunesse que des bandes dessinées qui excluraient les adultes ; or ce n’est pas le cas dans la grande majorité des cas ; il y a bien des séries vraiment jeunesse , celles où un adulte( ou même un ado) ne s’y retrouverait pas du tout, mais on a un souci de classement . Dodier fait de la bédé jeunesse mais n’importe qui peut le lire.

        Peut-être ne faudrait-il pas systématiquement parler de ce qu’était la bande dessinée il y 40/50 ans et plus pour définir ce qu’elle est aujourd’hui.
        Nous ne sommes plus dans la période d’après-guerre. Tout ce qui se produit aujourd"hui ne se raccroche plus nécessairement à cette période de l’Histoire de la BD.

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      • Répondu le 27 janvier 2016 à  14:43 :

        Dodier fait de la bédé jeunesse mais n’importe qui peut le lire.

        Non, JKJ Bloche ne fonctionne pas chez les moins de 8/9 ans. Gully oui, à partir de 5 ans.

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        • Répondu par Sergio Salma le 27 janvier 2016 à  22:27 :

          je l’ai noté, vous sautez sur la moindre imprécision ; j’écris plus haut " il y a cette bédé vraiment jeunesse" ; càd une bande dessinée qui s’adresserait presque exclusivement aux plus jeunes des enfants( dès qu’ils savent lire). Il y a même l’expérience "Petit poilu" qui, sans bulles, fait le pari de la lecture avant la lecture. Puis il y a ce qu’on appelle la bédé jeunesse , qui est en réalité tous publics ; les séries qui vont dans cette direction proposent des lectures que des adultes, des quadras, des quinquas peuvent apprécier.

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          • Répondu le 28 janvier 2016 à  07:11 :

            Vous sautez vous aussi sur la moindre imprécision. Voilà pourquoi je me suis amusé à le faire aussi. Par jeu. Après, je ne réfute pas tout ce que vous dites, au contraire. Je suis plutôt d’accord avec vous.

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        • Répondu par Sergio Salma le 28 janvier 2016 à  00:04 :

          Sur le point franco-français où vous me reprochez de ne pas connaître assez la bande dessinée mondiale, je peux vous répondre.Il y a bien une spécificité française ; et celle-là je l’ai bien étudiée ; on peut assez facilement faire un tour de la bande dessinée internationale ; sans évidemment connaître la totalité des auteurs et se rendre compte en voyageant qu’il n’y a qu’en France et en Belgique francophone ( et donc aussi dans les autres contrées francophones) que la bande dessinée revêt cette spécificité. Elle est littéraire. On en fait des livres, des albums, plutôt luxueux. Il est de notoriété publique que le reste du monde consomme la bande dessinée dans la presse ou sous forme de périodiques jetables. La notion d’auteur est cultivée abondamment et le marché a accordé bien vite une place de choix au 9e art. je ne suis pas sûr que le reste du monde utilise d’ailleurs cette appellation. De nombreux auteurs , du Japon , des USA, d’Italie, d’Allemagne , viennent tenter leur chance sur ce marché-ci. Il y a peu de mouvements dans l’autre sens ; à quoi cela correspond-t-il ? Sinon à cette place privilégiée dans la culture.

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          • Répondu le 28 janvier 2016 à  07:25 :

            Je vous l’accorde. La France est le pays de la littérature. C’est même pesant parce que les Arts sont trop systématiquement subordonnés au verbe oral ou/et écrit. Comme si le fond passait toujours nécessairement par les mots. Ce qui n’est pas dans beaucoup d’autres régions du monde.

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