Il est compliqué de résumer cette bande dessinée, sans minimiser sa puissance poétique et sans révéler la fin de l’histoire. Alors, disons seulement qu’en Angleterre, dans les années 1950 ou 1960, un petit garçon, Tom Long, doit partir plusieurs semaines en quarantaine chez son oncle et sa tante, car son frère a la rougeole et ses parents craignent que Tom ne l’ait également attrapée.
L’enfant s’ennuie, n’ayant pas le droit de sortir. Et pourtant, l’aventure vient de là où on ne l’attendait pas : du bout du couloir ! À côté d’une vieille horloge, une porte donne sur une petite cour sans intérêt. Pourtant, la nuit, cette horloge sonne treize coups, et quand Tom ouvre cette porte, il se retrouve dans un immense jardin, dans lequel jouent des enfants qui ne le voient pas. Seule une petite fille, Hatty, perçoit ce « fantôme ».
Chaque nuit, Tom revient dans ce jardin sorti d’on ne sait où, et chaque nuit, il se retrouve à un moment différent : toujours à l’époque victorienne, mais jamais la même année. Il voit grandir, rajeunir, disparaître Hatty, avec qui il devient ami.
Edith adapte ici le roman de Philippa Pearce, Tom et le jardin de minuit. Ce classique de la littérature anglaise reçut en 1958 la médaille de Carnegie, et Edith arrive ici à lui donner une puissance remarquable par son dessin très expressif et ses couleurs splendides, recréant des atmosphères très différentes et toutes très réussies.
Ce premier album d’Edith en solo montre le talent de l’illustratrice, qui construit une narration fluide et dynamique. L’album a déjà reçu la « Pépite BD/ Manga » du 31e Salon du Livre et de la Presse jeunesse de Montreuil en novembre dernier. Il est désormais en lice pour le prix du meilleur album Jeunesse au Festival d’Angoulême.
Nul doute que cet album poétique mériterait de recevoir des prix. Le prix jeunesse ? Pas forcément ! Si cet album possède plusieurs niveaux de lecture et peut en effet être lu par des adolescents, ce sont sûrement leurs parents qui prendront le mieux la mesure de la portée quasi-philosophique de ce récit.
(par Tristan MARTINE)
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