Le premier numéro du journal de Tintin [1] sortait de presse et était disponible dans les kiosques, officialisant la création des éditions du Lombard [2]. Les succès de Blake & Mortimer ou de Corentin incitera bien vite le créateur de la maison d’édition, Raymond Leblanc, à se lancer dans l’édition d’albums en décembre 1950. La machine était lancée. Avec le succès que l’on sait, et surtout l’incidence que ce journal aura sur des générations de lecteurs. Nous vous reparlerons sûrement de cette formidable aventure au cours des prochains mois.
Le Lombard se prépare à fêter cet anniversaire au travers de différents événements. La station Pyramides du métro parisien est déjà aux couleurs de l’éditeur bruxellois, et ce jusqu’en février prochain. Serge Honorez [3] réalise actuellement un documentaire sur l’histoire de cette maison d’édition. Patrick Gaumer s’apprête à nous offrir une suite au deux tomes d’Un Demi-Siècle d’aventures, les livres qui nous racontaient les cinquante premières années des éditions du Lombard [4].
Les changements de dizaine sont généralement propices aux périodes de doute et de remise en question. Le Lombard s’apprête également à évoluer pour s’adapter au marché. Le fond trinque chez tous les éditeurs, y compris chez celui de l’avenue Paul-Henri Spaak ! Pour pallier les effets désastreux de la surproduction, le Lombard publie depuis quelques temps des intégrales des séries historiques afin de remettre ces œuvres en valeur. Une pratique suivie par la majorité des éditeurs, dont Dupuis qui s’est lancé récemment dans la danse avec des œuvres plus ou moins récentes.
Gauthier Van Meerbeeck, responsable éditorial, affirme que le Lombard a toujours privilégié la qualité à la quantité. « Plus de trois mille albums sont sortis l’année dernière, explique-t-il. À cause de cette invasion de nouveautés, les lecteurs s’intéressent plus à ces nouveaux albums qu’aux anciens titres. Nous allons donc éditer plus de livres, sans toutefois tomber dans l’effet inverse qui serait d’inonder le marché... Ces derniers mois, nous avons accepté beaucoup de nouveaux projets ».
De nouvelles séries seront donc lancées ces prochains mois, dont Les Voisins du 109, la nouvelle série de Coyote, co-écrite avec Ninie Bombardier. L’éditeur espère ainsi relancer la collection Troisième Degré, qui ne comporte pas encore de succès populaire. Le premier des trois albums de cette série paraîtra en janvier prochain.
Même si des auteurs confirmés tels que Coyote, Erik Arnoux ou Alain Queireix ont rejoint les rangs du Lombard, l’éditeur publiera surtout des projets d’auteurs débutants. « Nous avons reçu de nombreux projets intéressants, nous dit Gauthier Van Meerbeeck. Nous souhaitons saisir les opportunités, et publier des jeunes auteurs. N’est-ce pas l’un des rôles d’un éditeur ? ». Parmi la cinquantaine de nouveautés planifiées pour 2006, douze nouvelles séries seront lancées. Une nouvelle collection axée sur le fantastique et l’héroïc-fantasy devrait également voir le jour dans le courant de cette année-ci.
Le Lombard rééditera également douze albums issus des principales séries qui ont marqué ses soixante ans de BD. Ceux-ci reprendront les deux ou trois premiers titres de ces classiques. La forme extérieure et la texture du papier devraient être fort proches de celles des premières éditions, sans pour autant que l’on puisse parler de fac-similés. Fort logiquement, les deux premières séries publiées par Le Lombard ouvriront cette collection anniversaire : Blake & Mortimer (avec l’intégrale du Secret de l’Espadon) et Corentin avec L’Extraordinaire Odyssée. Les autres titres planifiés : Chick Bill, Chlorophylle, Pom & Teddy, Le Chevalier Blanc, Monsieur Barelli, Dan Cooper, Modeste et Pompon, Michel Vaillant, Jari et enfin Bruno Brazil.
On regrettera de ne pas y retrouver de titres de Jacques Laudy (Hassan et Kadour). Ce dessinateur a participé à l’aventure du journal de Tintin, dès les premières heures, au même titre que Jacobs, Cuvelier et Hergé.
Un treizième volume complètera cette collection. Celui-ci présentera les 1.500 couvertures d’albums publiés par le Lombard. Enfin, ces treize albums s’emboîteront dans un coffret aux formes de l’immeuble bruxellois qui sert de bureau aux Editions du Lombard depuis avril 1958 !
Yves Sente, le directeur éditorial de la maison d’édition, confie dans le dernier Lombard Communication qu’il considère ces soixante premières années comme « un bon début pour un éditeur qui pense surtout à l’avenir ». Il ne reste plus au Lombard qu’à étoffer ses collections les moins connues de petits bijoux et à assurer la pérennité des best-sellers existants afin de passer le cap des soixante ans avec sérénité.
(par Nicolas Anspach)
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[1] Hergé en fut le directeur artistique et Jacques Van Melkebeke, le rédacteur en chef des premiers numéros
[2] Raymond Leblanc était alors copropriétaire d’une maison d’édition, située à la rue du Lombard et fondée en 1944, qui publiait deux collections populaires. La première, « Cœur », accueillait de la littérature sentimentale. L’autre traitait de l’actualité cinématographique. Il souhaita créer une nouvelle maison d’édition, baptisée Les Éditions du Lombard, en septembre 1946, pour que ses publications pour enfants soient totalement dissociées de ses autres aventures éditoriales
[3] À qui l’on doit de nombreux gags de Germain et Nous pour Jannin
[4] Rédigés de main de maître par Jean-Louis Lechat
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