16 ans, c’est bien jeune pour perdre son père. Rachel a subi ce premier traumatisme quand un deuxième pourrait subvenir, sa mère se laisse mourir. Quel mal ronge la famille ? Le type étrange qui l’aborde à la sortie du lycée lui glisse une histoire à dormir debout : un démon qui parasite les esprits a pris possession de ses parents. C’est à elle de lutter, glaive au point pour éliminer ce monstre, le Mangeur d’espoir.
En posant un registre fantastique au cœur du quotidien, Karim Friha offre un récit redoutable. Le lecteur reconnaît Paris, Montmartre, le parc des Buttes Chaumont. Ces rues, cette salle de classe, ce CHU sont familiers. Quelques accessoires steampunk s’invitent avec le médium qui introduit Rachel vers un monde parallèle. Cet autre univers garde les atours de la Capitale. En jouant sur les couleurs, une ambiance morne s’installe et la Ville lumière dans laquelle on se repère tombe dans une atmosphère angoissante digne de Gotham City.
Un trait simple, proche du manga, un sujet plus anglo-saxon, pour une bande dessinée au format roman graphique résolument française. Karim Friha transporte son récit dans un enchaînement morbide, mais quelque part salvateur. On peut imaginer que ce Mangeur d’espoir qui ternit les souvenirs est une parabole de la dépression que Rachel qui le combat en rappelant à elle le meilleur de son passé. Plutôt indispensable avant un printemps incertain.
(par Laurent Melikian)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Le Mangeur d’espoir – Par Karim Friha - Gallimard - 18€50 - 112 Pages