La preuve, et c’est souvent comme cela lors des avant-premières de journalistes pour les films grand-public, ceux-ci viennent avec leurs enfants et les bambins étaient ravis ! Ils arboraient tous le sourire à la sortie, alors qu’ils ne connaissent ni Spirou, ou si peu, et encore moins l’œuvre de Franquin qui a servi de référence à cette adaptation.
Par la magie du cinéma et les vertus de l’outil numérique, le personnage créé en 1952 par le génial Franquin a pu s’animer dans un film live sans que cela paraisse ridicule.
C’est qu’au niveau du script, une fois de plus, Alain Chabat se montre habile : son intrigue burlesque, dont chaque dialogue produit un rire, progresse sans temps mort, perpétuant la farce potache des Nuls tout en réussissant à donner au Marsupilami, "cet animal qui n’existe pas mais qui n’existe" une véritable dimension mythique.
Ne nous laissons pas abuser par le côté pelucheux du personnage à la longue queue qui apparaît sur l’affiche, ni par le traitement, parfois écœurant, de l’animation numérique, et concentrons nous sur la vraie réussite du film : des personnages de comédie extrêmement bien typés, certes inspirés de Franquin, mais qui semblent avoir été taillés pour les acteurs qui en assument le rôle.
D’Alain Chabat, journaliste bidon et bidonneur, fantasque comme un Fantasio peut l’être, à Djamel Debbouze, caricature de l’autochtone malin mais cependant attachant, à Lambert Wilson, dictateur malgré lui et grand garçon sensible, déposé par Fred Testot, savant avide de reconnaissance digne d’un Zorglub, jusqu’à Géraldine Nakache, la ravissante et intègre assistante, il n’est pas un rôle qui fasse défaut. Les animaux eux-mêmes, du perroquet au lama, et bien entendu le marsu sont parfaits.
Chabat connaît l’œuvre de Franquin depuis l’âge de 10 ans. Il avait le projet de cette adaptation depuis bien longtemps. C’est en rencontrant Claude Berri avec ce projet sous le bras qu’il a obtenu de se faire confier la réalisation d’Astérix et Cléopâtre, l’un des plus gros succès du Gaulois avec 14,5 millions d’entrées. Jamel Debbouze y faisait merveille déjà dans le rôle de Numérobis. Le duo se reforme ici : grâce à lui le spectateur retombe en enfance.
On ne saurait éventer ici toutes les surprises du film, d’autant que, dans le dossier de presse, Alain Chabat demande expressément de ne pas toutes les révéler. Soulignons cependant ce gag que Chabat emprunte à Hergé où Jamel Debbouze se fait cracher dessus par un lama : "La scène qui me faisait le plus flipper de tout ce que j’avais à tourner, témoigne l’acteur, c’était celle avec le lama. Il y avait une vraie tension. Je l’entendais préparer son crachat et c’était insoutenable. C’était acide comme matière, ça pique, ça brûle le visage et ça "chmute" d’une force. Une odeur pareille ça devrait être interdit !"
Mentionnons aussi un petit rôle pour Céline Dion, inoubliable, l’un des nombreux gags qui fera probablement de ce film une œuvre culte. C’est facile de faire parler les morts, mais j’en suis intimement persuadé : Franquin aurait adoré tant la farce est hénaurme ne se prenant à aucun moment au sérieux.
Chapeau bas, Monsieur Chabat !
>Marsu Productions propose bien évidemment, dès le 6 avril, trois albums qui profitent de cette fenêtre médiatique :
L’album du film Sur la Piste du Marsupilami où les excellents Batem & Colman ont construit un récit d’après le scénario du film d’Alain Chabat & Jeremy Donner.
Le Making of dans lequel Hugo Cassavetti raconte l’aventure du film.
L’ Art Book, enfin, qui propose une interview d’Alain Chabat par Dugomier.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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