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Le Ministre et la Joconde : une jouissive évocation d’André Malraux

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 12 septembre 2022                      Lien  
Quel est le rapport entre André Malraux, le fameux écrivain et ministre de la culture du Général de Gaulle, et le paquebot France, et entre la Joconde, Herbert von Karajan et le président John Fitzgerald Kennedy ? Une escapade en mer, une idylle pourrait-on dire entre le fantasque ministre et le chef d’œuvre de Léonard de Vinci.

De l’écrivain et ministre survolté, on connaît ses grands livres : La Voie royale, La Condition humaine, L’Espoir, Les Voix du silence, Antimémoires, les Chênes qu’on abat… On se souvient de ses discours, notamment celui consacrant l’entrée de Jean Moulin au Panthéon (« entre ici avec ton terrible cortège… »)

On sait moins qu’il est parti sur Le France, le transatlantique le plus célèbre de cette année 1962, pour accompagner le plus célèbre tableau du Louvre, La Joconde, en partance pour les États-Unis.

Le Ministre et la Joconde : une jouissive évocation d'André Malraux

Que va-t-elle faire là ? Du fait d’une des forfanteries du ministre de Charles De Gaulle qui promet devant un parterre de journalistes américains médusés d’amener rien moins que La Joconde à la National Gallery.

Tout le monde est sur le cul, à commencer par la directrice du Louvre -qui est résolument contre- et le Général qui cependant se laisse convaincre par le frétillant ministre d’État que cela va améliorer la relation alors tendue avec l’Amérique de John F. Kennedy.

Alors voilà notre ministre voguant vers le Nouveau Monde. Sur le France, on donne des concerts : c’est l’excellent chef d’orchestre et ancien sympathisant nazi Herbert von Karajan, condottiere à la chevelure argentée resplendissante qui dirige. Malraux le déteste cordialement, parce qu’il est allemand, mais surtout parce que sa notoriété lui fait de l’ombre… La chanteuse Barbara y donne des petits concerts perlés de poésie.


À bord, un service d’ordre musclé (le tableau, volé en 1911, avait valu au Louvre la réputation de « musée percé »). Évidemment que le tableau disparaît au cours du voyage -un petit jeu entre Malraux et son service d’ordre n’y est pas étranger- et réapparaît juste avant l’arrivée à New York.

C’est une jolie farce qui nous est contée là par Hervé Bourhis, coutumier de ces morceaux d’histoire (on lui doit une biographie de Boris Vian, des histoires en BD du rock, de la Ve République et même de la BD ! ) au scénario en complicité avec Franck Bourgeron, directeur de La Revue Dessinée et de la revue XXI. Le dessinateur Hervé Tanquerelle que l’on avait vu récemment sur Le Dernier Atlas (Dupuis) déploie tout son talent pour nous promener dans cet épisode iconique de notre histoire culturelle. Avec comme héros un Malraux auréolé de sa légende, véritable caricature sur pattes percluse de TOC et de tics, fumiste et hâbleur. Un régal.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782203231627

Le Ministre et la Joconde – Par Hervé Bourhis, Franck Bourgeron et Hervé Tanquerelle, avec les couleurs d’Isabelle Merlet – Casterman.

Casterman ✍ Hervé Bourhis ✍ Franck Bourgeron ✏️ Hervé Tanquerelle 🎨 Isabelle Merlet à partir de 13 ans Humour France
 
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